Lettre à mon livre de chevet
Mon cher livre, j’espère que tu te portes bien. Sans toi, je m’ennuie. Je le savais bien, que j’aurais dû te prendre avec moi, bien calé dans mon sac, entre ma trousse de toilette et ma pommade anti-moustiques. Comme je te l’ai déjà dit plus haut, je m’ennuie sans toi, dans cette colonie de vacances; il y a bien une petite bibliothèque, mais aucun livre dont le toucher vaille celui de ta couverture soyeuse et délicate, aucune tranche aussi belle que la tienne, aucune page 114 aussi belle que ta page 114. (Idem pour toutes tes autres pages, je ne voudrais pas les vexer) D’ailleurs, ils ont des livres qui n’ont MÊME PAS cent quatorze pages !
Hier, je me suis ennuyé, et je me suis demandé comment le héros finissait. C’est vrai, quoi, j’en arrivais juste au moment où Charles se retrouve face à Martin, qui lui explique que Chloé a rendez-vous avec Félix pendant que Léo est à l’hôpital parce qu’il s’est fait tirer dessus par Antoine et sa bande et que ça a beaucoup fait pleurer Hélène parce qu’elle s’est sentie trahie.
Je suis en manque, tu es comme une drogue pour moi. J’ai tellement besoin de toi que c’en est presque vital. Les autres ne comprennent RIEN : ils disent que c’est idiot de se faire du mouron pour un bête livre (Toi ! Bête ! Ils sont vraiment méchants.) et que je pourrai tout aussi bien te lire quand je rentrerai à la maison. C’est faux. Je ne pourrai pas attendre trois jours; je mourrai de chagrin avant. Bref, en un mot comme en trois cent cinquante-sept milliards deux cents quatre-vingts millions cinq cent soixante-dix mille quatre cent deux, je ne peux pas me passer de toi.
Mon petit livre, JE T’AIME. Il faut se rendre à l’évidence. Ton souvenir m’obsède ; la nuit, je rêve de toi.
En fait, je pense à toi toute la journée, sauf quand je mange, car je ne peux pas faire trop de choses à la fois.
Je suis impatient de te revoir, de te manipuler à nouveau.