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Carnet de voyages de Hugues de Mont-Léon

Le 10 Août de l'an 1284.

Aujourd'hui, mes pas m 'ont mené vers de nouvelles contrées.

Au cœur d'un vallon, traversé par une belle rivière, j'ai découvert une jolie petite bourgade. Sur la colline jouxtant le village se dresse une magnifique chapelle. J'y ai prié longuement. À la nuit tombante, j'ai repris mon bâton et alors que je me mettais en route, je croisai un vieux paysan. Il rentrait des champs et avait l'air épuisé. Il était vêtu d'une tunique trouée et d'une paire de braies déjà bien usées.

Le brave homme me proposa généreusement l'hospitalité pour la nuit.

Alors que je franchissais la porte de sa modeste ferme, je fus accueilli par sa femme et ses nombreux enfants. J'ai découvert un mode de vie bien différent du nôtre : ici point de domestiques, point de nobles montures... Seuls quelques meubles, un cochon et un bœuf pour tirer la charrette.

J'ai partagé un repas simple avec ces paysans, et j'ai pu ensuite me reposer sur une litière de fougères, à même le sol où j'écris ces quelques lignes. La fatigue de la journée aidant, je sens que, je vais m'endormir vite.

Le 15 Août de l'an 1284.

Voilà déjà cinq jours que je n'ai pas pris le temps de noter mes aventures.

J'ai quitté la ferme, après avoir acheté au paysan des galettes de pain noir, du fromage, et un bon morceau de lard. J'ai repli mes gourdes à la fontaine, et j'ai pris la route à travers bois.

Pendant trois jours, je n'ai rencontré personne, si ce n'est un écureuil, bien surpris de recevoir ma visite. Loin des villages et des hommes, j'ai goûté le plaisir de la tranquillité.

Hier j'ai rencontré un drôle d'animal : le baudet. C'est comme un petit cheval avec de longues oreilles, qu'on utilise ici pour porter de lourdes charges. J'ai partagé quelques heures de route avec un homme qui fait commerce de mille choses : étoffes, chausses, fil, etc… Le bougre était joyeux, mais sa pauvre bête était bien chargée.

Ce matin, je suis enfin arrivé à Paris. cette ville est très grande, et surtout bruyante. Je loge au château du comte de Rigny. Le père Jean, notre bon curé, m'avait recommandé auprès de ce notable et j'ai reçu un bon accueil.

Demain, il part à la chasse à Fontainebleau ,et moi j 'irai au petit matin à Notre-Dame. Je veux ensuite me promener sur les bords de la Seine avant de rendre visite à notre oncle, marchand de vin sur les quais.

Je clos là ce carnet de route qui m'a suivi de notre village au but de mon voyage : PARIS. Dans une semaine, j'entre á la faculté de médecine et commencera alors pour moi une nouvelle vie.

Je n'en écrirai pas plus.

Mon très cher frère,

je te fais parvenir mes récits de voyage. Bientôt tu prendras la route pour me rejoindre, et Dieu veuille que ton voyage soit aussi plaisant que le mien. Il me tarde de t'accueillir dans ma modeste chambre pour avoir le plaisir d'en parler de vive voix avec toi.

Je t'envoie, mon cher Augustus, toutes mes amitiés.

Hugues De Mont-Léon à Paris le 16 Août de l'an 1284.

Electra