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Un soir un livre 2014

  Activité gratuite ouverte à tous, y compris les non adhérents.

On discute d'un livre choisi d'un commun accord auparavant.
On peut même venir juste pour attraper le désir de lire...
Pour s'informer, participer, organiser, accueillir... Jeanne Bem : jeannebem@yahoo.fr

Lundi 9 décembre 2014

Chers amis (amies), nous étions nombreux (nombreuses plutôt) hier soir chez Agnès - merci à elle pour son accueil!
Le livre de Nathalie Sarraute, "Enfance", a été unanimement apprécié, disons même que c'est un chef-d'oeuvre. Cette réminiscence de son enfance jusque'à ses douze-quatorze ans paraît simple, mais c'est une simplicité savante. Elle a fait des choix formels: flasher sur des moments, dialoguer constamment avec son "autre" (un "autre" qui porte les signes grammaticaux du masculin et qui jette un regard critique, souvent ironique, sur son récit). La distance est toujours maintenue, même si les épisodes sont restitués avec vivacité.
La Russie du début du 20e siècle, le Paris des Russes émigrés avant la guerre de 14, comment une petite fille mal-aimée trouve sa place dans l'école républicaine... le contenu du récit est toujours intéressant et on tourne les pages. Ce background fait mieux comprendre l'art de Sarraute. Elle a été une enfant assez solitaire, observatrice des autres, et très marquée par sa vie familiale difficile. On comprend pourquoi ses romans et son théâtre sont si durs, et pourquoi elle se méfie des phrases prononcées légèrement, qui cachent des intentions cruelles. C'est une autobiographie dans laquelle l'auteur s'expose, expose surtout le fonctionnement de sa perception, de sa sensibilité, de son intelligence. Dans la discussion, le geste de l'enfant qui perce au couteau les coussins d'où sort une matière molle et blanchâtre a été comparé avec l'ouverture chirurgicale du cerveau. Sarraute est du 20e siècle (ses dates: 1900-1999), elle connaît la psychanalyse mais elle ne s'en sert pas, pas de confidences sur canapé, plutôt un canapé lacéré!

 
     

 Lundi 18 novembre 2014

Nous étions dix-sept hier soir chez Nicole N. qui heureusement a un grand salon! C'était pour discuter de l'autobiographie d'Yvette Szczupak-Thomas intitulée "Un diamant brut", livre paru en 2008.
La discussion a été très animée. Plusieurs étaient venus (venues) avec des réserves. Mais les qualités du livre ont aussi été largement appréciées.
"Un diamant brut" est un cas éditorial étrange. Née en 1929, Yvette a été enfant placée, dans les années trente et quarante, dans le Morvan. Sous Vichy elle est (faussement) adoptée par Yvonne et Christian Zervos, elle les suit à Paris, et adolescente elle fait son éducation de l'art et de la vie dans ce milieu à la fois stimulant et équivoque des écrivains et des artistes sous l'Occupation. En 1950, en partie pour fuir les Zervos et en partie pour rejoindre Sasha Szczupak, aidée en cela par la fille de Chagall, elle s'expatrie en Israël. Elle est peintre et expose.
En 2007 a lieu à Vézelay un colloque René Char, et une des communications est: "Le point de vue de Y T S dans son autobiographie". C'est ainsi que l'Association-Fondation Zervos prend connaissance du manuscrit, qui est apporté par le fils d'Yvette, Ariel Szczupak (1954-2009). Les amis des Zervos sont choqués mais le manuscrit est accueilli et sera publié tel quel en 2008. Ariel crée un site pour sa mère, morte en 2003. Selon lui, sa mère a écrit ce manuscrit dans les années 1980.
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 Quand le livre paraît, les principaux protagonistes sont morts (les Eluard sont morts, Picasso est mort, René Char est mort en 1988, le couple Zervos en 1970, Yvette donc en 2003, et bientôt son fils aussi va disparaître, en 2009). A la parution, les comptes rendus sont tous élogieux - les articles reproduisent de façon redondante le contenu du livre et voient en Yvette, vu les horreurs qu'elle a traversées, une héroïne de la résilience. Aucun compte rendu ne marque la moindre distance critique. Alain Beuve-Méry dans Le Monde parle d'un "témoignage brûlant" mais ne remarque pas qu'aucun autre témoignage ne vient le recouper. Aucune voix discordante ne s'élève, et ce n'est pas étonnant puisqu'il n'y a personne pour demander des comptes à personne.
C'est donc un livre qui raconte, de manière souvent torrentielle et confuse, mais indéniablement évocatrice et prenante, la "vie", "sa vie", que l'auteure reconstruit après coup, quand elle est dans la cinquantaine. Elle ne problématise pas la distance entre la petite fille qu'elle était et la personne mûre et expérimentée qu'elle est devenue. D'où l'impression que petite elle était déjà incroyablement lucide, mûre, et forte. C'est une fiction autobiographique réussie, mais il faut être conscient que c'est une fiction. En l'absence de débat contradictoire, on ne saura jamais le degré d'authenticité des récits. Les souffrances des enfants placés sont attestés par beaucoup d'autres témoignages. Mais la séquence parisienne, avec tous ces grands artistes qu'elle a côtoyés et qui défilent, reste ouverte au doute, en tout cas pour certains aspects. Dans la discussion, on a remarqué que le rapport si négatif d'Yvette avec René Char s'explique par la jalousie: Char lui prenait "sa place" chez les Zervos. Réalité jusqu'à un certain degré - mais le personnage était-il aussi monstrueux qu'elle le décrit? On a aussi noté sa relation très ambivalente (amour-haine) vis-à-vis des Zervos. "Un diamant pur" est tout sauf un livre lisse et transparent

 
     

 Vendredi 5 septembre 2014

Nous étions nombreux hier chez Françoise (merci à elle!) dans son beau jardin, quinze en tout. 

Le livre du romancier catalan Jaume Cabré, "Les voix du Pamano", a suscité de belles empoignades, on se serait cru à "La Dispute" sur France Culture.
Les "pour" ont apprécié un roman à l'écriture presque expérimentale (les fameuses transitions sans crier gare, en plein milieu d'un dialogue); avec des personnages bien campés, une matière riche (plusieurs décennies de l'Espagne franquiste, avec des incursions en arrière, vers la guerre civile, et une projection vers l'avant, l'année 2002 et le problème de la gestion historico-politique de cet héritage trouble). Elisenda, le personnage mythique qui est au centre, a suscité la controverse, car le roman nous fait connaître toute son intériorité, mais il n'en reste pas moins que c'est un personnage très noir, manipulateur, cynique, une sorte de "Parrain" en jupes. Toujours dans les "pour", un jeune lecteur a pu lire avec plaisir le roman par morceaux et dans le désordre, ce qui souligne l'esthétique du collage et du montage. On s'est accordés pour dire que le roman était cinématographique et qu'il relevait de la littérature interactif
Les "contre" ont trouvé cette interactivité fatigante, le livre trop minutieux, trop touffu, trop long (plus de 750 pages en petits caractères), avec des redites et des obscurités. Plusieurs, découragés, ne l'avaient pas fini.
Les courageux pourront continuer, avec des romande Cabré intitulés "Confiteor" et "Requiem". J. bem

 

 

 

 Mardi 1er  juillet 2014 ; un soir à la campagne

Nous étions nombreux (quatorze!) hier dans le jardin de Marie-Paule et nous avons passé près de deux heures à discuter du livre de James Saulter, "Un sport et un passe-temps" (première publication 1967).
Ce roman américain est une histoire d'amour un peu mince certes, mais il a beaucoup de facettes. Et au cours de la discussion ces facettes se sont révélées.
D'abord évidemment Salter nous restitue la vie à Autun d'il y a cinquante ans, exactement dans l'hiver de 1961-62, et tout est identifié, repérable - sauf le bizarre "viaduc" qui doit venir d'une autre ville. Il y avait vraiment du linge suspendu à l'étage, dans le Passage! Il y avait deux cinémas! La ville haute d'Autun était déjà triste et vide. "Autun silencieuse comme un cimetière."  Mais en bas il se passait des choses, des battements, des pulsations - dans l'avenue de la Gare, au café de Foy, au Café Français, sur les trottoirs devant les boutiques, dans la chambre d'Anne-Marie... 
La ville nous apparaît familière et étrange, son reflet nous est renvoyé par un regard étranger qui veut pénétrer "la vie secrète de la France". "Je tiens un extraordinaire inventaire sur cette ville", dit le narrateur. Ou encore: "Il y a une odeur dans l'air qui veut dire que la France vit encore." Le roman est rempli de ces formules qui font mouche.  

 
James Salter a vécu lui-même l'histoire d'amour qu'il prête ici à son double de fiction, le jeune et oisif Dean, plus glamour que lui dans sa belle Delage un peu décatie. C'est ce choix narratif qui explique le côté "voyeur" du récit, avec ce narrateur qui s'insinue en imagination dans l'intimité du couple. Peut-être le romancier a-t-il voulu mettre à distance son expérience pour s'en guérir?  Il la raconte au présent, mais tout semble lointain, et une incertitude persiste - ont-ils existé? qu'a-t-il vu? qu'a-t-il suppléé? Nostalgie. "Images passées de France qui me hantent." 
Page 125 de l'édition anglaise: "I am interested in the visible" (c'est le visible, le visuel qui m'intéresse). C'est encore une autre facette. Au fond, ce qui est raconté, représenté, a un rapport métaphorique avec l'art d'écrire un roman. Ecrire et voir ne font qu'un. Le roman de Salter est clairement conçu comme un film: des scènes de rue, de restaurant, de chambre, des dialogues courts, simples. Ils bougent, sortent le soir, montent en voiture, font l'amour... Tout doit être "visible", se transformer en image. Le narrateur prend des photos.
Hier quelqu'un a remarqué le côté tragique du livre. Le romancier se sent menacé par l'histoire qu'il raconte, il est obsédé par Dean, sa créature. Dean a un "pouvoir" sur lui. Dean lui échappe, c'est Dean qui "vit" le premier, le narrateur ne peut que le suivre, ou le poursuivre. Dernière page: nous avons besoin des héros... nous leur donnons un pouvoir... Ils nous le rendent un peu... puis ils disparaissent... Ecrire un roman c'est faire l'expérience du néant. 
 
    
    
 

 

 Lundi 12 mai 2014

Nous avons passé deux heures très agréables hier chez Francette, autour du roman de François Bott, "Avez-vous l'adresse du paradis?"
La première qualité de ce roman est peut-être son concept, cette architecture visible, avec les personnages répartis sur les "journées" datées. Au début on est excité, d'autant que ça commence avec le marathon de New York et un début de romance. Mais petit à petit, on devient conscient du procédé. On a relevé le retour insistant dans le roman du mot "ennui". Cependant les personnages sont intéressants, certains attachants, nous reconnaissons notre monde, le ton est vif, il y a de l'humour, de l'énergie même. Bott écrit bien. Parfois il émet des clichés d'idée ou d'expression dont on se demande s'il ne faut pas les prendre au deuxième degré. Le romancier cherche à établir une complicité avec le lecteur, comme le montrent les innombrables allusions à la littérature ou au cinéma. C'est un roman intertextuel. "Le paradis" consiste au fond à construire un monde-livre plausible et satisfaisant, avec des résidus d'autres livres

 
     

 Vendredi 4 avril 2014

Nous étions une dizaine hier soir - très bien reçus par les Jeune - pour discuter librement du 9e art (j'ai vérifié: la BD est le 9e art!). La bande dessinée et ses variantes: le manga japonais, la "graphic novel" ou roman graphique... se situe à côté de la littérature. C'est en fait un média hybride qui emprunte au dessin et à la peinture, à la photographie (pour les repérages de décors et les objets tirés du réel), au roman et au théâtre (pour la construction de l'intrigue et pour l'utilisation des dialogues), au cinéma (pour la "prise de vue" des images, leur cadrage et leur montage) et à la série télévisée (pour le principe du retour des personnages d'un album à l'autre et pour l'inspiration intimiste et sociétale).
Tout le monde avait lu le roman graphique de Camille Jourdy en trois volumes, "Rosalie Blum" (Actes Sud, 2007). Les qualités de ce livre ont généralement été appréciées, et on est allés jusque dans le détail, concernant tel personnage (le fils et la mère, Rosalie, la colloc etc.), l'ambiance (une jeunesse paumée, des décors défraîchis, l'humour, l'amitié...), le suspense et la façon de poser des éléments d'attente et de manipuler le temps, et même certaines particularités typiques de la BD comme l'utilisation de la double page. 
Deux types de lecteurs se sont dégagés: ceux qui trouvent la BD facile et dévorent l'album (quittes à le relire après); et ceux qui vont lentement pour ne rien perdre de l'art propre à tel artiste particulier. Plusieurs avaient apporté d'autres BD qu'ils, elles, ont présentées et fait circuler. Il en ressort que la BD est très variée, très libre, ouverte sur tous les genres (policier, fantastique, "fantasy", érotique, historique, (auto-)biographie, documentaire...). Comme les autres arts, la BD réfléchit sur ses procédures et intègre cette réflexion, souvent ironique, en mettant des images dans les images (par exemple: des écrans télé). A la différence du livre, pour lequel le lecteur doit à partir des mots créer ses propres images mentales, la BD (comme les arts plastiques, comme le cinéma) met directement devant les yeux du lecteur l'imaginaire de l'artiste. Ce qu'il doit encore suppléer, peut-être, c'est l'animation des images, qui n'est que suggérée.

 

 

 
     
18 février 2014
Nous étions nombreux hier dans le spacieux salon de Nicole N. Et tout le monde était d'accord pour admirer la nouvelle de Maupassant "Boule de suif". Plusieurs ont souligné la supériorité d'un tel classique sur bien des romans d'aujourd'hui. Même si, bien entendu, on ne peut pas tout comparer, il y a aujourd'hui des écritures innovantes. La nouvelle de Maupassant est parfaite dans son genre: excellent mécanisme de l'intrigue qui utilise tous les rouages et tournants possibles, langue qui n'a pas vieilli, travail formel (par exemple l'opposition entre "voyage avant Tôtes" et "après Tôtes": d'abord Boule de suif est presque glamour, après elle n'est plus qu'un paria), mise en relief de petits tableaux et de portraits qui sont inoubliables, ironie et humour (noir). Un thème est universel aussi: l'atmosphère d'un pays sous occupation. Cette nouvelle (publiée en 1880, encore sous le regard de Flaubert) est une des premières parmi 300, on peut les lire toutes dans l'ordre, dans les deux volumes de l'édition de la Pléiade: à elles toutes, elles forment une oeuvre. On peut repérer dans celle-ci des motifs, des obsessions (en particulier pour le corps, l'organique, l'informe, l'incertitude homme-femme, la fonction maternelle, la folie...) qu'on retrouve dans d'autres nouvelles. Plusieurs des participants ont partagé leur souvenir d'autres nouvelles de Maupassant, en les racontant, ce qui a suscité le désir de s'y replonger et d'en relire.
 

 
           

 Lundi 20 janvier 2014

Nous étions hier dans le bel appartement tout blanc de Marie - pas très nombreux, peut-être parce que j'avais oublié d'envoyer un rappel, et puis il se passe tant de choses à Autun!
Il y en avait aussi (dont moi, je l'avoue) qui n'avaient pas fini le livre de David Grossman et qui vont continuer à le lire. Presque 800 pages: il y a là une démesure qui résonne avec l'expérience extrême à laquelle se livre Ora, la mère héroïque, ou encore avec l'ampleur immense des problèmes de ce coin du Moyen Orient, des problèmes politico-historiques qui sont évoqués ici de façon très efficace à travers un petit noyau de personnages, des problèmes dont les médias nous entretiennent tous les jours - mais il faut un roman pour nous les faire sentir de l'intérieur, et nous savons encore mieux maintenant qu'avant que ces problèmes ne sont pas près d'être résolus.
Les lecteurs de "Une femme fuyant l'annonce" découvrent une société qui a constamment peur, surtout les mères (sans doute aussi les pères), mais aussi des paysages, avec ce sentier de grande randonnée qui serpente à travers tout Israël - ce qui donne une impression inattendue d'espace, de nature pure, de solitude. Sur le plan littéraire, c'est l'art - mystérieux - du romancier qui frappe: comment il nous captive touche par touche, à travers l'infini des détails qui se complètent petit à petit, en suscitant l'attente de la révélation d'improbables secrets, en déployant les mille nuances de la psychologie féminine. Et ce qui survient à chaque page est à la fois juste et inattendu. Cela relève de l'exploit pour la traductrice d'avoir réussi à rendre dans un français à la fois familier et soutenu ce texte écrit en hébreu, dont tout de même les références culturelles nous manquent.

 

 

 
   
     
     
     
     

 

   
   
 
 
 
 

 

 
     


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