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Textes des lauréats

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  Niveau 6ème 
 
Sujet n° 1
                                          
Aure GADY, collège du Vallon, AUTUN

                     Le dernier voyage

Amis,   nobles, paysans,  riches, pauvres, une foule énorme vient me saluer devant le port. Tous me souhaitent un bon voyage. Je suis triste de quitter un si bel endroit et toute cette population.  Mes yeux derrière mon masque laissent couler une larme. On m'a  installé sur une grande felouque,  arrondie  aux extrémités.  Elle a un mât solide, de nombreux cordages et est ornée  avec  du  papyrus. La felouque  s'éloigne lentement  d'Abou-Simbel  sous  les cris des enfants et les pleurs des femmes. Sur les deux rives du fleuve, les fellahs accourent pour me saluer.
Le voyage commence. Derrière moi, j'imagine  les colosses du temple diminuer peu à peu au fur et à mesure  que nous nous éloignons.  Le Nil traverse  à présent  un désert aride. Seules  les terres  inondées  par  la  crue  donnent  naissance  à des  champs  irrigués  qui  vont fertiliser la campagne. Nous arrivons à Philae à proximité de la cataracte. Le fleuve ne devient plus navigable.  Il faut descendre  de la felouque  à cause des gros rochers.  Matelots,  prêtres, amis, porteurs, tout le monde est à terre. On emporte mon lit sur le chemin le long du Nil sous les applaudissements  de la foule. Je sens le parfum délicieux des lauriers roses et des acacias. J'aperçois au loin les pylônes du temple d'Isis  qui me rassure et me protège. Plus loin, nous gagnons une nouvelle felouque.
Nous arrivons maintenant  à Assouan. Cette si belle ville me fait oublier la tristesse de devoir abandonner ce pays. Je suis content d'admirer les temples de Satet, de Khnoum et d'Heqaib, même si je suis triste à l'idée  que c'est  la dernière fois. Je distingue aussi trois îles magnifiques au milieu du Nil, dont la belle Eléphantine.
Il  faut  poursuivre  le  voyage  et  continuer  de  descendre  le  fleuve. Des  chasseurs chassent  les  hippopotames  et  les  crocodiles  le  long des  berges.  Nous  les  regardons.  Plus jamais je ne pourrai faire comme eux. Nous arrivons à Kôm Ombo qui domine une boucle du Nil. Je suis émerveillé par les bouquets de palmiers, les lotus, les papyrus dans lesquels vivent les flamants.  Les maisons des habitants s'accordent bien dans le paysage.   Au milieu de la ville,  un  temple  majestueux  possède  une  grande  porte de  hiéroglyphes  avec,  pour  garder l'entrée,  deux  longues  rangées  de sphinx  impressionnants.  Je me revois parader  dans cette allée royale. A l'intérieur du temple, des pylônes grandioses  ornent la cour. C'est  un temple splendide qui me rappelle tant de souvenirs.
Mais il faut continuer notre route toujours vers notre destination finale. J'observe  des hommes et des femmes qui récoltent des plantes. Au passage de notre barque, ils nous saluent, pleurent  ou  crient.  Nous  distinguons  la  silhouette  de  Djebel  el  Silsilèh  qui  découvre  les colonnes d'un  temple. Elles sont ornées des corps et des têtes des dieux. Malgré ma tristesse, je me réjouis d'apercevoir encore tant de beautés.
La felouque continue chaque jour un peu plus sur le Nil. Sans voir le temps passer, je me rends compte que nous arrivons déjà à Edfou. Le magnifique  temple et ses gigantesques colonnes me touchent comme si je les voyais pour la première fois. Là encore, nous n'avons pas le temps  de  rendre  le culte  à tous ces dieux  et  il nous  faut  quitter  à regret  ces lieux merveilleux.  A Kôm el Amar, je passe devant une splendide maison avec, tout autour, un lac et des nénuphars en fleurs. Au fond, je vois les palmiers puis le désert. De superbes oiseaux aux plumes multicolores  volent dans le ciel bleu. Un peu plus loin, la grande ville d'El-Kab nous indique que nous toucherons  bientôt au but. La ville est riche d'innombrables temples comme ceux d'Hathor  et de Nekhet, si impressionnants et qui me doivent beaucoup.
Plus loin, j'aperçois Esna avec son grand temple dédié à Khnoum. Sa porte est décorée de  magnifiques   bas-reliefs.   Beaucoup   de  souvenirs   me  rattachent   à  ce  temple  que  je n'oublierai  jamais. Notre felouque croise une barque de chasseurs qui remontent le Nil à la recherche de gibiers cachés dans les roseaux. Nous passons devant les tombeaux d'Ankhiti et de Sebekhotep avant d'arriver à Gebelein. J'aperçois de nombreux tombeaux ainsi qu'un autre temple  d'Hator. De nombreux  oiseaux,  flamants  et mouettes  volent  dans  les  airs près du fleuve. Nous voici maintenant à Tôd où j'ai  fait agrandir le temple en l'honneur  de Montou. Ses prêtres m'apportent les présents qui me seront  bientôt indispensables.  Nous quittons ce lieu pour notre dernière  étape. A nouveau,  poissons du Nil, oiseaux  multicolores  et plantes variées au milieu des roseaux constituent mon paysage préféré depuis le début du voyage. Les femmes  cueillent  des fleurs  de nénuphars  et me les lancent  depuis les  rives. Le fleuve  se couvre de pétales.
Enfin, nous arrivons à Thèbes, la ville aux 100 portes, but ultime de notre voyage. La ville  est  très  grande  au  milieu  des  palmiers.  Ses  habitants  sont  déjà  nombreux,  mais  des milliers d'Egyptiens sont aussi venus de tout le pays et m'attendent depuis plusieurs jours que la nouvelle a été annoncée.
Nous débarquons sur le quai et nous dirigeons vers les grands temples de Louxor et de Karnak. Toute la ville nous attend. Tout le monde prie avec moi. Les offrandes aux dieux sont nombreuses. C'est un mélange de tristesse et de fête.
Ce matin, tout le monde s'est  levé de bonne heure. La foule s'est  rassemblée  sur le port de Thèbes. Il n'y  a pas de place pour tout le monde. Les plus pauvres attendent dans des rues très loin d'ici.  J'ai  la place de choix sur mon lit et les rayons du soleil illuminent  mes vêtements en or. On me porte sur une felouque pour me faire traverser le fleuve. Des milliers d'autres  bateaux  nous suivent. Une fois l'autre  rive atteinte,  un cortège mené par les prêtres me conduit dans la grande vallée des rois. Toute ma famille est derrière moi. On entend les prières et les chansons. Le cortège monte dans la montagne thébaine. Les prêtres entrent et descendent les  marches  conduisant à ma chambre. Les  formules  sont  prononcées. Les offrandes sont déposées. Les rites les plus anciens sont respectés avant le départ de tous. Seul le grand prêtre demeure une dernière fois. Il part lui aussi. Un sentiment de peur m'envahit. Avant  d'entendre la  lourde  dalle  se  refermer  pour  toujours, le prêtre proclame : « voici ta demeure pour l'éternité, ô mon maître, Seigneur des Deux pays, fils de Rê, Roi de Haute et de Basse Egypte, Ramsès le Grand ».
 

Sujet 2

Eva DI LEO, Collège Changarnier, Autun
 
  Cauchemar à Pompéi 

Je m'appelle Urcius, j'ai dix-sept ans, je suis le fils d'Alcibian, sculpteur attitré de la province de Pompéi.
 Un matin de l’an 79, mon père me demanda de livrer une statuette commandée par le gouverneur de la province. Cette mignonnette, d’une longueur d’un pied , représentait Diane, la déesse de la chasse.
 Sans hésitation, je me rendis à dos d'âne  à sa demeure. Arrivé à destination, je fus accueilli par le gouverneur et sa charmante fille, Eilistraée. Elle était grande, mince aux yeux bleus aussi profonds que l'océan. Sa chevelure, si blonde, donnait l'illusion qu'elle était faite d'or. Sa peau blanchâtre, presque bleutée, était semblable à la lune par une nuit d'hiver.
Elle est magnifique !, pensai-je.
 Le gouverneur m'invita à entrer.
 «Voilà  cette statuette enfin terminée !, s'exclama  t-il, en posant celle-ci sur la table basse en marbre de Carrare dont les contours  polis étaient aussi doux que la peau d'un nouveau né. Combien dois-je à ton père?
 - 35 pièces d'or ». Il sortit l'appoint d'un petit coffret d'ivoire ornant la table basse qui se trouvait devant lui.
 D'un signe de tête, il me remercia.
 Avant de quitter la demeure, je me dirigeai vers les appartements d'Eilistraée.
 En me voyant, elle m'adressa un grand sourire. Elle s'empressa de m'inviter à jouer à une sorte de jeu constitué de pièces de bois .
 « Eilistraée, avouai-je d'une voix tremblante, ignorant le plateau qu'elle me tendait, je ne sais comment te le dire. Depuis le premier jour, je ne pense qu'à toi, tu hantes mes rêves, je suis charmé par toi, par ta beauté..., je t'aime.
 - J'en suis flattée, très cher, mais je n'éprouve aucune attirance pour le fils d'un sculpteur. Jamais, tu entends, jamais mes sentiments ne seront pour toi ! La nature m'a promis un meilleur avenir », dit-elle pleine de mépris et d'orgueil dans la voix.
Elle se retira sans se retourner, c’en était bien assez pour moi et je décidais de rentrer chez moi, désespéré par cette triste journée.
Je  ne  pouvais  m'empêcher  de  me  souvenir des  longues journées passées avec Eilistraée quand nous étions enfants. Nous courrions dans les allées de la grande demeure dont je connaissais les moindres recoins. Où était donc passée la jeune fille si douce et si frêle dont le rire résonnait au plus profond de mon être ?
« Qu'y  a-t-il  Urcius?  Quelle  est  cette   mine?   La   commande n'était-elle pas convenable ?, s'empressa de demander mon père à mon retour.
- Non. Tout est en ordre, le gouverneur t'est reconnaissant et passera bientôt pour une nouvelle commande.
- Va te coucher, me conseilla-t-il, rassuré. Demain, nous devons aller à Napoli pour livrer la famille princière. Tout doit être en ordre, sinon... ».
Cette nuit-là, j'eus  du mal à trouver le sommeil.  Toutes mes pensées étaient tournées vers  la belle  Eilistraée.  Ses  propos  m'avaient brisé  le cœur,  je  ne pouvais  me résigner  à l'oublier.
           Le lendemain,  nous partîmes pour Napoli. Le trajet, bien que court, était périlleux car la commande de vingt livres représentant le buste du prince était posée en équilibre sur le dos de notre âne courageux.  Nous arrivâmes  à Napoli et nous nous rendîmes directement  au Palais Royal  pour livrer la commande.  Nous  fûmes conduits  par des gardes  dans un grand salon orné de magnifiques tapisseries  représentant,  sans doute, des batailles passées. Nous y attendîmes le Prince.
 « Excellence, le salua mon père, tout en inclinant le buste.
- Salutation, très cher, lança-t-il en entrant dans la pièce d'un  pas assuré. Qui est donc cette jeune personne, Alcibian ?
 - Je vous présente  mon cher fils, Urcius,  qui reprendra  l'affaire familiale,  plus tard, l'informa mon père fièrement. Je rougis, gêné.
- Ma commande est-elle prête?, demanda-t-il  en tendant un verre qu'un  serviteur s'empressa de remplir d'un  nectar carmin.
 - Oui, Seigneur, vos gardes l'ont déposée dans le vestibulum
 - Seras-tu des nôtres, ce soir, pour la fête des vendanges? »
 Mon père déclina  l'invitation, prétextant  des travaux  en retard à l'atelier. En réalité mon père était inquiet de l'activité anormale du mont Vésuve En effet, depuis quelques jours déjà, quelques secousses se faisaient sentir et des ronflements accompagnaient  des coulées de lave.
Quelques jours plus tard, en fin d'après-midi, le gouverneur vint avec sa fille pour passer une nouvelle  commande. Ils désiraient  une statue  représentant Vénus, la déesse  de l'amour.
 Ils attendaient tous deux sur le seuil de l'atelier quand, soudain, un grondement  sourd, comme  provenant  du  centre  de la terre,  se fit entendre ! Le sol  se  mit à trembler.  En  un
instant, les murs de notre maison se fissurèrent.
 Nous nous demandions quelle était la cause de ce chaos.
 « ... Le Vésuve ! », s'écria mon père.
 De  loin,  nous  voyions  le  magma  s'écouler sur  les  flancs  rocheux  du  volcan  en éruption. Des gerbes de pierres étaient expulsées du cratère. Le volcan grondait avec toujours plus d'intensité. C'était  la panique dans les rues, on criait et on courait pour échapper à une mort probable.
 Une  femme, affolée, tenant  ses deux  nourrissons blottis  contre sa poitrine, tentait malgré tout de les rassurer en les couvrant de baisers protecteurs. Je lus la peur dans ses yeux, la peur de perdre le trésor de toute sa vie.
 Un cheval en fuite dévalait  au grand galop la rue principale où nous nous trouvions. Ses sabots frappaient les  pavés taillés grossièrement  dans la  pierre. Il  fit une  embardée, percutant un couple de vieillards, les projetant à terre.
Paniquée, Eilistraée s'élança dans la marée humaine qui courait désespérément  vers le port. Son  beau  visage, couvert  de cendres, laissait deviner la trace des larmes qu'elle ne pouvait contenir.  Quelques  mèches de ses cheveux  emmêlés  cascadaient  devant ses yeux et sur ses joues. Sa toge,  tenue  par de magnifiques fibules  en or, était déchirée par endroits, découvrant ses chevilles jusqu'aux genoux.
 Emporté par le courant, je lui tendais désespérément la main lorsqu'elle  trébucha ! Sous mes yeux, son corps disparut dans la foule. Craignant qu'elle  ne se fît piétiner, je pris mon courage à deux mains et réussis à l'atteindre. Je la saisis, inconsciente dans mes bras.
Nous devions nous mettre rapidement à l’abri du nuage de cendres incandescentes qui dévalait la montagne.
En un éclair, nous fûmes en sécurité dans une taverne creusée à même le sol, la taverne où j’avais l’habitude de me rendre pour y faire la fête avec mes amis. Là, quelques personnes s'étaient déjà réfugiées.
 Bientôt, au-dessus de nous, le bruit des pas et les cris de la foule s'évanouirent  peu à peu, étouffés par le nuage tueur qui les enveloppait.
 Je vis la belle Eilistraée revenir à elle.
« Urcius, que s'est il passé ?, murmura-t-elle.
- Le Vésuve est en éruption, nous courions et tu es tombée, tu étais inconsciente, alors je t'ai portée jusqu'ici.
 - Tu... tu m'as sauvé la vie!, dit-elle en m'embrassant. ... Urcius...
 - Oui?
- Je  t'aime ! »  Ses  lèvres  recouvrirent  à  nouveau  les  miennes  dans  un  élan  de tendresse.
Tout à coup, je fus saisi de tremblements, une force invisible me secouait et une voix provenant du néant s'écria d'un ton sec : « Lorenzo ! Lorenzo ! Réveille-toi ! Reviens  parmi  nous ! Monsieur Martin, le professeur d'histoire-géographie, me secouait le bras. Alors ?  Que t'inspire la vie à l'époque de Pompéi ?, me demanda-t-il.
- DANGEREUSE ! », m'exclamai-je en émergeant brusquement de mon rêve
 
  Niveau 5ème
 
sujet 1
 
Laura Morillo,Collège J.Arnolet, St Saulge
Prix spécial du jury
Dans ce monde qui m'est encore étranger...
 
Une puissance inconnue me poussa inopinément loin de la chaleur de mon nid. Des larmes écarlates semblaient m'accompagner le long de ce chemin, le moindre de mes pas la faisait crier de douleur... Des cristaux semblaient couler de ses yeux, des diamants des miens lorsque je découvris la lumière.
Une étrange fraîcheur parcourut ma poitrine, un tremblement traversa mes muscles lorsque cet inconnu brisa le lien qui nous soudait depuis des mois me semblant être l'infini...
Je criais cette injustice de toutes mes forces pendant que les diamants s'accumulaient, sans que je ne puisse rien faire.
Des bruits inconnus fusèrent, me bouleversèrent, pendant que toujours et encore, je te cherchais du regard. Ces diamants, très vite, formèrent un océan étincelant de mille feux.
Un musicien passionné semblait jouer du tambour au plus profond de ma poitrine, lorsque tes mains de fées m'enlacèrent...
Lorsque tes yeux virent les miens, un fil irréel semblait unir nos regards, puis au fil d'un long fleuve, s'élancèrent un a un tes mots chaleureux. Des mots d'un langage rien qu'à nous, d'un langage qui nous est propre... Tes mots qui apaisèrent ce musicien, ton souffle qui stoppa mes tremblements, la chaleur de tes mains qui me donnait confiance, et la douceur de ta peau qui retissa ce lien précédemment brisé.
Ce lien qui transformait cet océan en amour, pendant que les battements de ton cœur, collé à mon oreille, me souhaitaient la bienvenue.
L'inconnu semblant habillé par la neige, les yeux baignés de bienveillance, se mit alors à sourire puis à annoncer d'un ton chaleureux :
« Félicitations... ...c'est une fille ! »
 
Shin MIGNON, collège Arnolet, Saint Saulge
 

L'Atlantide
 
Chère Zoé,
Cela fait si longtemps  que nous ne nous sommes  pas vus, ma chère sœur...
Depuis mon départ pour l'Atlantique,  tu n'as sûrement plus entendu parler de moi. Pourtant  je pense à loi tous les jours et j'ai songé bien des fois à t'écrire afin de te donner des nouvelles  de ma nouvelle  vie. Mais avant  que tu comprennes  tout, je tiens à m'excuser du fait que tu dois  sûrement  attendre  de mes nouvelles depuis bien longtemps. Hélas, là où je suis, le service de la poste n'existe pas et j'ai dû attendre la migration des  hirondelles  vers  l'Europe ! Et je  peux  t'assurer  que  des  fois,  elles  se font  attendre.  Bref  voici  mon histoire :
« -Eh, vous là-bas ! !! >>
 Un bonhomme en uniforme bleu accourait vers moi ... Que me voulait-il ?
Il semblait sortir de la mer, comme s'il était aussi à l'aise dans  l'eau que  sur  terre. Pourtant, il avait  un air familier ; celui  des  morues du poissonnier, pas toujours très fraîches. Ce personnage comique s'approcha de moi, je m'aperçus que l'odeur était la même que celle du vendeur de poisson. Il me dit:
« -Que faites-vous ici ?? Nos  caméras vous ont vu arriver avec  votre engin-qui-fait-tourner-sa-tête !
Qu'est ce que c'est ? »
De quoi  parlait-il ? De mon hélicoptère ?
«C'est un hélicoptère, répondis-je, docile
- Ce genre de chose n'a rien à faire ici, cependant  vous  ne pouvez pas repartir, vous en avez  déjà trop vu! »
La morue me prit par le bras et m'entraîna vers la mer. Paniqué, je m'écriai:
 « -Vous êtes  fou, nous allons nous noyer ! »
Sans  rien dire,  l'homme-morue me jeta à l'eau et, m'emprisonna dans une bulle d'air. Il se mit à nager vers  le fond  de  l'océan,  il me força  à le suivre  en m'attachant le poignet  à une algue  comme  un vulgaire chien  que l'on traîne en laisse.
« -Je vous  emmène dans  un endroit  qu'aucun être humain  n'a jamais  visité,  un lieu  secret,  bien décidé  à le rester ! »
  Je m'aperçus que je pouvais  respirer sous  l'eau, il était temps !
Quelques minutes plus  tard, nous  arrivâmes  à  l'entrée d'un palais  sous-marin. Nous  traversâmes   un immense jardin  aquatique : les rochers  étaient  couverts d'anémones et le sol était jonché  de petites  étoiles  de mer qui semblaient former  un parfait dallage.  La morue  m'expliqua :
<<  -Vous  êtes  dans  la légendaire Atlantide, notre  roi a mis  au point  un système pour  effacer  la mémoire de ceux qui ont trouvé notre belle cité. Je suis son fidèle serviteur,  appelez-moi Balot.
Vous avez  le choix ; soit  nous  effaçons votre  mémoire, soit  vous servez de repas au prochain banquet ou encore vous devenez l'un des nôtres en passant différentes épreuves. Choisissez....
- Si vous  effacez ma mémoire, me souviendrai-je de qui je suis, de mes  amis ou de ma famille?
- C'est  un des inconvénients de cette technique, personne  ne se souvient plus de rien...
-C'est  un choix  difficile  que vous m'offrez  là... Cependant je choisis  de devenir  l'un des vôtres. »
Tu te doutes  bien, Zoé, qu'à ce moment même un sentiment de doute  germa dans  mon esprit ; devrai-je passer docilement les épreuves ou, dès qu'un moment d'inattention surviendrait de la part de mes geôliers, en profiter pour m'enfuir ?
Il m'emmena dans  une immense  pièce dans l'aile gauche du palais. Là se trouvait  une pièce exiguë. Au centre se trouvait un petit tabouret en bois poli sur lequel  était assis  un bonhomme aussi  bizarre  que  Balot quoique un petit peu plus humain.  Pourtant lorsqu'il releva la tête je m'aperçus que ses yeux  étaient  bandés. Curieux, j'interrogeai le serviteur :
« - Qui est-ce  ? Pourquoi  a-t-il  les yeux  bandés ?
- Cet homme  est un  sorcier  ennemi, quiconque le regarde  droit dans les yeux... se transforme en pierre... >>
Et il éclata  d'un   rire odieux.  Entre  deux  souffles  il reprit :
« Ton rôle,  comme  tu dois  t'en  douter  sera de le vaincre. Sois tu penses pouvoir y parvenir, sois tu abandonnes cette épreuve, qui n'est pas obligatoire, et tu devras accomplir  mille et une autres tâches plus longues les unes que les autres. Bizarrement c'est ce choix que  la  plupart  des  nouveaux  arrivants font. Certains y sont encore alors qu'ils sont arrivés il  y a  bien longtemps, d'autres ont abandonné avant même la 105e épreuve ! Celle du tir à l'arc sur cachalot, si je ne m'abuse... oui c'est  cela ! Tiens, pendant que tu réfléchis je vais t'énumérer les différentes épreuves :
Tu dois tout d'abord faire une tarte au requin blanc des fonds marins, très bon avec du miel d'étoiles de mer, pour le roi. Ensuite tu devras réparer les machines à traire les baleines de tous les habitants, puis... >>

Au fur  et à mesure que Balot énonçait les différentes  épreuves, je jetais  un coup  d'œil  par  la porte entrouverte  : des dizaines de grenouilles s'affairaient à enlever des dizaines de statues en pierre. Au fond de la salle se trouvait un petit miroir à mains et un bâton en bois usé. Soudain, une idée me traversa l'esprit...
« -Balot, je choisis d'affronter ce sorcier!
-Attendez,  je n'en  étais qu'à  l'épreuve  de la pieuvre à trente-neuf  bras ! Mais si vous insistez, heureux de vous avoir connu! »
Il me fit entrer dans la salle. Avec précaution il retira le bandeau qui couvrait  les yeux de mon adversaire et s'enfuit  à toutes jambes. L'homme  regarda la pièce avant de se tourner vers moi. Avant même que ses yeux ne soient en face  des miens, je tombai volontairement  à terre et roulai jusqu'au  coin  de la pièce.  Je tentai d'attraper le miroir mais il était comme fixé au sol, je pris le bâton en bois et l'utilisai  pour faire levier afin de décoller  la glace. Je risquai  un coup  d'œil  par-dessus  mon épaule ; le sorcier  était  encore  étourdi,  mais il venait  de  se  lever  et  se  dirigeait  vers  moi,  je  donnai  un grand  coup  de  coude  sur  le  bout  de  bois  et, miraculeusement le miroir se décolla, non sans laisser quelques traces sur le plancher, mais franchement  je n'y fis pas attention.
Le sorcier était maintenant  à quelques  mètres de moi. Sans une once d'hésitation, je plaçai le miroir devant mes yeux, le sorcier me regarda et poussa un cri de terreur. Quelques secondes plus tard, un grand bruit sourd retentit. Abaissant mon bouclier, je vis le sorcier, pétrifié à jamais... Mal à l'aise je rejoignis  l'entrée  de la pièce. Là Balot m'attendait, les yeux grands ouverts tel une grenouille :
« -Quoi ? J'ai un bouton sur le nez, demandai-je ?
-... Non, tu ... tu viens de terrasser le plus terrible des sorciers
sous-marins... je me permets de te tutoyer, tu n'es plus un étranger ...  mais un ami !
- Merci,  mais à croire que tout était prévu ; le miroir collé sur le sol, le bâton qui était juste assez robuste pour faire levier...
Tu ne trouves pas ça un peu bizarre ?
- Pour tout te dire, c'était  une épreuve réservée aux traîtres. Il y a des millions  d'années, le roi, à cette époque, était le seul à connaître le stratagème, et puis un jour, un de ses conseillers  qui convoitait le trône, réussit à lui arracher le secret  et mit au courant tous les traîtres qui étaient déjà en prison et qui devaient « comparaître >> devant  le sorcier. Bien sûr, ces derniers se rebellèrent  et ce fut la fin de Saulomon  XVI. » Il avait parlé avec la même voix qu'un professeur d'histoire qui fait sa leçon en racontant comme s'il avait vécu la scène... J'ai trouvé cela amusant…
Peu de temps après, mon nouvel ami, m'emmena auprès du roi, où se déroula une multitude de cérémonies  en mon honneur. Je fus soulevé, plongé dans de l'huile et dans du vinaigre. Soit dit en passant, je ne vois toujours pas comment il les faisait tenir dans leur récipient avec toute l’eau qui trainait autour. Tout en leur répétant que je n'étais pas une salade, ils m'emmenèrent dans une immense salle de bal. Au fond, il y avait une grande table où siégeaient le roi et sa famille :
« -Asseyez-vous ! m'ordonna le souverain »
Sans discuter davantage, je m'installai sur une chaise en bois ciré.  Un esclave  me servit du poisson  et une salade d'étoiles de mer. Le roi m'expliqua :
« -Ton jeune esprit doit être empli de doute ; tu te demandes  si tu es capable  de passer ta vie dans la même cité que des hommes-poissons. Tu voudrais savoir si tu peux prévenir ta famille, et peut être aussi ce qui a pu arriver à notre ville et à ses habitants pour qu'elle  devienne ce qu'elle  est. N'est-ce pas?
- Je vois que sa  Majesté ne se contente  pas d'effacer la mémoire,  vous lisez également  dans  l'esprit  des autres, n'est-ce  pas ? M'efforçai-je de dire avec mon plus beau sourire.
- Non, jeune  héros, toutes les émotions  se lisent dans tes yeux. Maintenant  que tu as battu le sorcier, j'ai réfléchi ; certes je vieillis  de jour en jour, mais je gagne également  en sagesse,  j'ai  décidé  de révéler  la présence de l'Atlantide  au monde d'en  haut ! >>
Une immense vague de surprise traversa l'assemblée avant de se transformer en cris de joie !
Tu te doutes bien qu'après les aveux du roi, tu peux te précipiter dans le journal le plus proche afin de transmettre la nouvelle ;  tout repose sur tes épaules, tu peux choisir de tout révéler comme tu peux décider d'en faire un secret de famille.
Après ce festival de joie, vinrent enfin les présentations, que je te résume ; comme tu le sais je suis ton frère et je m'appelle Bastien. Le roi se nomme Sardine à l’huile 1 et sa fille, la plus belle femme du monde, se prénomme Clio.
Après  le banquet, Clio  me montra  mes appartements,  et lorsque  nous fûmes  sur  le balcon,  je  lui pris ses mains et la suppliai de m'épouser...  elle accepta, et son père nous maria un jour d'été .
J'eus vite abandonné l'idée de remonter à la surface,  pour la simple et bonne raison qu'en permanence tournoyaient des requins à la surface de l'eau.
Le roi me confia un petit travail : inventer des énigmes pour les nouveaux arrivants.
Zoé, cette vie me plaît mais vous me manquez ;  toi, maman et papa ainsi que tes rejetons ... J'ai demandé au roi la permission de vous faire venir ici dès que vous le souhaitez. Vous trouverez des combinaisons sous le troisième rocher en partant du bout de la plage, ensuite vous n'aurez qu'à plongez en regardant vers le sud­ ouest ... Ne t'en  fais pas pour les requins ;  tu n'as  qu'à m'envoyer  par pigeon la date de ton arrivée à l'adresse qui suit, j'aurai vite fait de leur organiser une partie de pêche à quelques lieues de la ville.
A bientôt

Bastien
  20000 lieues sous les mers
  1178 Rue du l'étoile, Atlantide

 Sujet 2
Charlotte VIDAL, Collège J.Moulin, Marcigny
 
                       Un aventurier pas comme les autres 
 
Enfermée dans ma chambre. Rien à faire. S'ennuyer. Voilà la description  de mon quotidien. C'est  tellement  ennuyant  que je commence  à être contente  d'écouter qu'il y a un but marqué  par Zlatan (même si je le hais). Ça devient inquiétant... surtout  pour moi.
Je n'ai jamais aimé le foot (t'as vu le pognon qu'il gagne ? Juste pour s'amuser  et taper dans un ballon...) ni tous les sports d'ailleurs. Alors toi  qui lis ces lignes, arrêtes-toi  tout de suite !
Tu vois,  mon quotidien  est ennuyant, il ne se passe rien et il ne se passera jamais rien ! En même temps, une fille de treize ans qui s'appelle Lou (oui, je sais. comme la bande dessinée LOU!) et qui rêve de partir, de bouger et d'être libre ne sera jamais satisfaite quand elle vit à la campagne, au fin fond de la campagne. Ah, quelle vie pourrie !
Bon, un peu de musique remonte  toujours  le moral !  Le poste allumé, je  m'allongeais  sur mon lit. La musique  allait arriver mais en attendant, il y avait  un reportage  sur la forêt tropicale.  La forêt tropicale…
J'écoutais attentivement. La forêt tropicale... grande, verte, merveilleuse. Tant d'explorateurs ont été dans cet endroit, plein de mystères et de dangers.  L'aventure,  le risque, la découverte ! Tout ce dont je rêve !
Je ferme les yeux et, comme emportée par un souffle magique, je pars...
Des  grands  arbres  verts  me  taisaient  face.  J'entendais  le  bruit  des singes  qui  sautaient d'arbre  en arbre,  les oiseaux  multicolores qui volent  dans le ciel écarlate.  J'apercevais des fleurs magnifiques de toutes les couleurs et de toutes les formes, des arbres gigantesques qui ont vu tant de choses dans cette immense forêt.  La forêt tropicale !
C'était… magnifique ! Les fleurs mettaient de la couleur dans la dense végétation  verte. Des arbres  gigantesques  formaient  la canopée  de la  forêt où  vivent  les singes.  J'entendais  leurs cris venant du haut des arbres et je les voyais sautant de branche en branche. On aurait presque dit qu'ils volaient Comme  leurs  voisins  les perroquets aux  ailes  multicolores  qui semblent  luire  en  plein soleil. Et les immenses pythons colorés enroulés aux branches  cherchant des proies. Qu'est ce qu'ils étaient  beaux ! Sur le sol,  les grenouilles  rouges  ou  bleu  fluo  ou  même jaunes  bondissaient en montrant leurs belles rayures noires. Tous étaient magiques et semblaient  sortir d'un conte de fée !
 J'aurais pu rester là des heures si une bande de sauvages  ne m'étaient  pas tomber  dessus : vêtus de plumes colorées, ils ont pointé du doigt. J’eus  alors un réflexe de trouillard : je m'enfuyais à toute vitesse. C'était  beaucoup  plus physique  que les cours de sport. Obstacles, animaux, plantes... il y en avait des choses qui m'ont ralenti dans ma course dans la forêt.
Après  une longue  course, je débouchais enfin sur… punaise  quelle  chanceuse  je fais !  Je débouchais sur un immense fleuve où se côtoyaient alligators  et piranhas. Bon et là, je fais comment? Il n'y avait pas de chemin ni à ma droite, ni à ma gauche. J'étais bloqué !
- Pitié, pensais-je en moi. lndiana Jones, Tarzan ! Venez me sauver !
J'attendais quelques  instants pour voir si ils venaient. Le cri des indiens retentit dans la forêt Bon, puisque ni Tarzan, ni Indiana Jones ne venait, il ne restait plus qu'une solution : sauter ! J'allais le faire que les indiens m'avaient déjà rattrapée : trop tard
Ils me ligotèrent  puis m'emmenèrent jusqu'à leur village qui, comme ma maison, est perdu dans un coin au fin fond de la forêt. Le village est minuscule, les cabanes horribles. La pièce unique à l'intérieur n'est pas plus grande qu'une salle à manger.  (bon, toutes les salles à manger ne font pas la même taille mais je veux juste montrer que c’est minuscule.)
 Ils me conduisirent  devant  un gros homme (sûrement leurs chef car il avait un grand bâton en main). Le chef me regarda et  se lécha les babines !  Non, j'étais dans une tribu de cannibales ! Le chef pointa du doigt une case où les indiens mc conduisirent.
 La case était éclairée  par un feu au centre et un grand totem contre le mur. On me fit asseoir devant le feu. De l’autre côté du feu et en face de moi se tenait  un vieil homme masqué aux longs cheveux  bancs. Ce devait  être le sorcier. Ce jeune homme  me regarda puis se tourna  vers le totem en  se  mettant  à genoux. Il resta ainsi pendant une demi-heure puis il se retourna et saisit un poignard. Non, il allait me découper en rondelles comme  du saucisson  !
- Au secours ! A l'aide ! criais-je de toutes mes forces.  Indiana  Jones ! Tarzan ! S.O.S. ! Je veux pas servir de pâture à des cannibales!
 Le sorcier levait son poignard. Je fermais les yeux, prête à sentir sa lame me transpercer.
- Chérie ! Calme-toi ! Réveille-toi !
J'ouvrais  les yeux. J'étais sur mon lit dans ma chambre, ma mère à mes côtés.
- Lou !  Ça fait une heure que tu cries comme ça ! Je croyais que quelqu'un  allait te poignarder !
C'est ce qui était à deux doigts de s'être produit. Oh punaise ! Enfin au calme.
- Ah ! Ça fait du bien d'être à la campagne au calme…
Ma mère m'a regardé comme si j'étais une folle.
-Ça va Lou ? Tu te sens bien ? Tu détestes la campagne  jusqu'aux bouts des orteils et tu viens de me dire que ça fait du bien d'être au calme à la campagne ???
-Ouais ! Quand tu viens de rentrer de la forêt tropicale,  de te faire pourchasser  par des indiens, de te faire  capturer  par  eux,  découvrir que  ce  sont  des  indiens  cannibales et  manquer   de  se  faire poignarder  par  leur sorcier  qui  veut te  découper  en  tranches  de saucisson  pour l’apéro, oui, tu adores la tranquillité de la campagne  !
Maman m'a regardé, a souri puis a éclaté de rire.
A près ce petit rêve, quelques petites choses ont changé dans ma vie :
- je prends des cours de karaté (on sait jamais, si des indiens m'attaquent)
- je prends des cours de course à pied (on sait jamais, s'ils me poursuivent encore dans la forêt)
- je me documente sur la forêt tropicale (on sait jamais,si j'y retourne pour de vrai, il faudrait que je sois préparée mieux que ça !).
Je ne sais pas encore quel métier je veux faire, mais quand je serais assez grande, je partirais dans la forêt tropicale.  Parce que c'est bien d'y aller en rêve, car on n'est sûr de ne pas mourir, mais pour de vrai, qu'est  ce que ça doit être  beau !
Si un jour je pars là-bas, je vous promets de vous le raconter. Pour vous donner envie d'y aller et de voir par vous même tout ce que j'aurais vu…
 
  Niveau 4ème 
 
Sujet 1
Aubin GADY, collège du Vallon, Autun
 
                           Aventures à Versailles
 
Versailles, le 12 août 1776

Chère  amie,
Ne  me  blâmez  pas  de  ne  point  vous  avoir  écrit  plus  tôt.  J'en suis  fort  marri. D’incroyables aventures  me sont arrivées et le dénouement en a été tellement extraordinaire que moi-même je n'ose  y croire.
Comme vous le savez, je me rendais en voiture à St Germain, pour discuter avec des gens de lettres au café Procope. Depuis peu, des philosophes répandent des idées nouvelles, quelque peu révolutionnaires, mais qui sont très intéressantes.  Mon cocher avait pris un petit chemin et tentait de rattraper le retard que j'avais  eu à cause d'une  altercation avec une autre voiture, qui avait accidentellement  rayé ma berline. Nous nous engagions dans un passage très resserré lorsqu'une  douzaine d'hommes se précipita devant la voiture, ne laissant aucune issue possible. Je dégainai alors mon fleuret et sautai hors de la berline. A l'allure qu'avaient mes adversaires, je compris que c'étaient  des bandits qui n'avaient  qu'une  pratique de l'escrime très rudimentaire. Je me mis en garde et me dirigeai  vers celui qui semblait  être le chef. Il avait une carrure impressionnante  et sa mine patibulaire, avec sa balafre sur son œil gauche, ses dents gâtées et ses sourcils très épais, m'impressionnèrent. Je me mis en position de tierce et commençai  par  un enchaînement  de feintes  dans  le seul  but de jauger  mon  adversaire. Celui-ci  fut d'abord  déstabilisé  un court instant puis il débuta le combat. Je remarquai vite que, quand  il feintait,  il m'exposait   son flanc  gauche.  Je l'attaquai  d'abord  à  l'aide  d'une feinte,  puis évitai  de justesse  un coup en pivotant  légèrement.  Je terminai  par une de mes bottes favorites et le touchai. La blessure n'était  pas grave mais le mit hors de combat. Je me tournai alors vers un autre bretteur et 1'écartai  rapidement.  Mais je compris que, malgré ma science des armes, ces bandits triompheraient  sans mal, grâce à leur nombre. Je me décidai à prendre la fuite et me mis à courir.  Quelques-uns  de mes adversaires  me suivirent. J'arrivai dans une petite bourgade et, au détour d'une  rue, j'avisai  une diligence. A l'arrière, une malle était sanglée et lorsque  j'entendis les pas de mes poursuivants,  je me glissai dedans.  Je me cachai à l'intérieur en prenant soin de bien la refermer et me résolus à attendre. A ma grande surprise, la voiture se mit en route, d'abord lentement puis elle accéléra. J'étais  cahoté et ma position  n'était pas extrêmement confortable. Je ne saurais  dire  combien  de temps dura  le trajet car je n'apercevais nullement l'extérieur. Lorsqu'enfin la voiture  ralentit, je pris conscience  de ma situation. J'étais  dans une malle fixée sur une diligence ; je n'avais  aucune idée de l'endroit où je pouvais être et enfin, personne ne savait où j'étais. Quand la voiture fut totalement arrêtée, je risquai un œil hors de la malle. J'étais  dans une immense écurie : un palefrenier déchargeait du foin pour les étalons et  nettoyait  la  litière  des  bêtes.  Je  sortis  discrètement  par  une  petite  porte  cochère. Un immense  palais  s'étendait,   barrant  l'horizon   de  sa  silhouette   constellée  d'innombrables fenêtres. Je compris alors que j'étais  au château de Versailles, dont j'avais entendu maintes fois des louanges sur la magnificence de la décoration. Je décidai de rentrer dans le château et me dirigeai vers la grille en fer forgée, ornementée de décorations recouvertes d'or.  Quelques gardes étaient postés à la grille et jouaient aux cartes. Ils laissèrent passer sans problème et je m'avançai   vers  le  château.  L'après-midi  était    assez  chaud  et malgré la  température,  de nombreux  courtisans  se pavanaient  devant le château et ses belles. Celui-ci possédait deux ailes identiques,  un peu en retrait par rapport au corps principal.  Le toit était recouvert de tuiles et des dorures l'agrémentaient. Des fenêtres indénombrables venaient percer la façade du palais. J'entrai  par l'une des portes ouvertes et découvris un salon dans lequel un groupe de courtisans écoutait une pièce jouée par plusieurs cors de chasse. Je ne m'attardai  pas dans la pièce et passai à la suivante. C'était un petit salon où quelques  personnes, assises dans des fauteuils, conversaient. A mon arrivée, je les saluai et elles firent de même. Je continuai ma visite et arrivai dans un corridor : deux domestiques nettoyaient le sol. J'empruntai ce couloir et  débouchai  sur  une grande  esplanade  située  derrière  le château.  Je fus  stupéfait  par les jardins  et les  bassins  qui  s'étendaient à longueur  de  vue. Plusieurs  bassins, avec en leurs centres des statues dorées, s'étendaient au milieu des jardins. De chaque côté, des parterres soigneusement taillés encadraient des  allées permettant  d'accéder  aux  différents  jardins, fontaines  et labyrinthes.  Je descendis les quelques marches de la terrasse qui me séparaient des allées. De belles courtisanes se promenaient,  toutes plus somptueuses les unes que les autres. Leurs coiffures  étaient extravagantes,  leurs visages étaient couverts de maquillage et leurs parures, pour certaines de perles et pour d'autres  de pierres précieuses, étincelaient sous le soleil.  Des  jardiniers  replantaient,  désherbaient,  arrosaient  et  taillaient  les  massifs  qui s'étalaient   au  sol.  D'autres  s'occupaient des  fontaines  et  des  bassins.  Quelques  hommes partaient pour la chasse, accompagnés de lévriers et de sonneurs.
Je  me  dirigeai  alors  vers  un  laquais  et  lui  demandai  où se trouvait le bureau de l'intendant. Il consentit à m'accompagner à son bureau et je le suivis à travers une enfilade de couloirs et de pièces. Je frappai à la porte et une voix m'autorisa à rentrer. La pièce était vaste et  fastueuse : des  tapisseries pendaient  au  mur  et des  grands  fauteuils  de  velours étaient disposés  de part et d'autre du bureau.  L'intendant  du palais était un homme  assez  âgé et, malgré  sa stature imposante,  il semblait  juste et loyal. Je m'informai  s'il  n'y  avait  pas au château un travail pour moi. L'intendant me répondit qu'une  place était vacante dans la garde royale : j'acceptai  la place, après l'avoir  remercié.
 Je  me  dirigeai  vers  la  salle  des  gardes  et  endossai  mon  nouvel  uniforme :  je ne m'attarderai pas sur  sa description.  De  l'autre  côté  de  la  pièce,  des  hommes  à  l'allure patibulaire  discutaient. Je m'assis à une table proche de la leur et tendis  l'oreille pour comprendre ce qu'ils disaient. Je fus horrifié  par  leur  conversation : je  compris qu'ils fomentaient un  complot  contre  un  capitaine de  la  garde. Ils voulaient lui tendre une embuscade  et faire disparaître  son  corps dans  un  des  nombreux  bassins.  Leur  plan  se déroulerait vers le hameau de la reine, à la tombée de la nuit, lorsque le capitaine rentrerait de sa garde. Il avait pour but de remplacer le capitaine par un des hommes.
Je décidai de faire quelque chose pour le capitaine  mais je n'avais aucun soutien. Je ne pouvais compter que sur moi-même. J'allai dans ma chambre, sous les combles, et me vêtit entièrement  de noir. Je pris la précaution  de mettre un gilet de buffle pour me protéger  des coups et cachai une dague dans ma large botte. Ainsi vêtu, je me dirigeai vers le hameau de la reine,  cette ferme construite pour  la  reine, en  plein  milieu  du  parc,  recréant un  décor champêtre. La reine y séjournait  de temps en temps, pour se distraire. Je me cachai, allongé dans un massif à proximité du hameau et attendit patiemment. Je vis d'abord une lumière, qui appartenait sans doute à une ronde. Puis, un homme de constitution robuste s'avança  seul le long de l'allée qui reliait la ferme au château. Aussitôt, trois hommes lui sautèrent  dessus. Sans  plus  attendre,  je  bondis  et  engageai  le  combat, accompagné  du  capitaine. Un des hommes, sous le coup de la surprise, n'eut  pas le temps de réagir : je le désarmai, lui portai un coup sous l'omoplate et le jetai par terre. Les deux autres bretteurs avaient engagé le combat avec le capitaine et j'en  attirai un vers moi. Le combat ne fut ni difficile, ni long et l'homme se retrouva rapidement au sol. Le troisième, effrayé, s'enfuit dans la nuit et je ne sais ce qu'il en advint. Le capitaine courut chercher la garde, pendant que je surveillais les prisonniers. Quelques heures plus tard, les deux hommes étaient dans des geôles, pendant que le capitaine me congratulait. Le lendemain, il me présenta au Roi et Sa Majesté me fit chevalier pour ma bravoure. Depuis, je suis aide de camp du capitaine.
Chère amie, voudriez-vous  me rejoindre  à  Versailles? Le capitaine  m'a  proposé de s’arranger  pour nous trouver  une chambre.  Ce serait merveilleux  de séjourner  à la cour de notre bien-aimé Roi. Je vous attends impatiemment et espère vous retrouver sous peu.
Je suis votre serviteur,
Chevalier Viauney de Maintcourt
 
sujet 2, prix « prose » 

Aliénor DELPOUVE, collège Jean Vilar, Châlon sur Saône

            Moi, Lorenza, fille du Cirque Della Luna
 
Aux alentours de Florence, Italie
Emplacement du cirque Della Luna
« - Lorenza ! »
Je me retournai, mes longs cheveux bruns bouclés fouettant le vent, curieuse de savoir qui m'interpellait ainsi. Je souris, fixant mes yeux vert pomme pailletés d'or sur mon meilleur ami, Lorenzo De Luca, essoufflé après sa course, suivi de près par Tic et Tac, les deux chiens que mon magicien préféré, Vasco Volpino, utilisait pour certains de ses tours.
« Tes parents sont en train de te chercher partout », m'informa Lorenzo, ses yeux bleu-gris en amande pétillant après son effort. Et il ajouta, pour me taquiner : « Je suppose que tu n'as pas  oublié que ce soir, on participera à la représentation, mais que l'on n'est pas dispensés pour autant d'aider à l'installation du cirque ! » Mon visage se fendit d'un immense sourire. J'adorais aider à installer le cirque avec les autres membres de la troupe.
« - Alors je te suis ! Tu crois que Nico, Carlos et Pietro sont déjà allés en ville annoncer notre arrivée ? , m'exclamai-je.
- J'en suis sûr, me répondit-il.  Allons-y, sinon on va se faire gronder par nos parents ! »
Arrivés sur place, nous découvrîmes le chapiteau déjà monté, et Benvenuto Ozzello, le dompteur, nous fit signe de venir.
« Alors, c'est comme ça que l'on aide à monter le chapiteau ? Allez, filez avant que vos parents ne vous voient, vous passent un savon et reviennent sur leur décision de vous faire participer à la représentation, rouspéta-t-il avec bienveillance. Au fait Lorenza, Viola et Violetta veulent te voir pour répéter le spectacle de ce soir. Et toi aussi Lorenzo, ton père et Tania te cherchent. Je vous conseille de vous dépêcher ! »
Lorenzo et moi remerciâmes Benvenuto, et nous nous hâtâmes de rejoindre nos instructeurs respectifs. Au cirque Della Luna, où je suis née, la troupe est composée du dompteur, Benvenuto Ozzello, des  deux écuyères Viola et Violetta Bartolozzi, qui m'ont prise comme apprentie. Il y a Silvio De Luca  qui est le père de Lorenzo. Il est trapéziste. Ma mère, Tania Lombardi, est sa partenaire, et il a pris son fils comme apprenti. Dans la famille De Luca, on est trapéziste de père en fils ! Sa femme, Zaïra De Luca, est la voyante du cirque. D'après moi, elle ne dit que des boniments, mais chut...  Carlos Calabro et Pietro Pambianchi sont les clowns du cirque, et mon petit frère, Cesare, prend exemple sur eux pour tout ce qu'il fait. Cela devient vite agaçant ! Quand je pense qu'il n'a que quatre ans ! Il y a aussi le magicien de la troupe, Vasco Volpino, que j'apprécie particulièrement car il est très jeune : il aura 20 ans le mois prochain ! L'acrobate de la troupe, c'est mon père, Falco Lombardi. C'est un peu l'oncle de tout le monde ici : c'est un vrai papa gâteau et il est toujours de bonne humeur. Et pour finir, il y a celui que tout le monde surnomme affectueusement "nonno" (grand-père, en italien), c'est le monsieur Loyal de notre troupe et le directeur du cirque, j'ai nommé... Nico Monaci ! Il nous répète toujours quand on râle pour recommencer quelque chose : « Recommencer est un verbe que l'on doit savoir à tous les temps pour pouvoir éblouir et fasciner le public ! ». On a tous fini par connaître cette phrase par cœur ! Et puis, pour finir les présentations, il y a moi. Je m'appelle Lorenza, qui signifie « couronnée de laurier » en latin. J'ai 12 ans. Je suis audacieuse, réfléchie et j'adore les chevaux. C'est pour cela que j'ai décidé de devenir écuyère. Ici, au cirque, tout le monde voulait devenir clown, acrobate ou équilibriste quand ils étaient petits, et tous ont réalisé leur rêve : c'est ça, la magie du cirque.
Ce soir, Lorenzo et moi allons participer à notre premier spectacle, voilà pourquoi tout le monde nous cherche : on doit répéter en costume aujourd'hui. Mon costume à moi, c'est un tutu doré avec des paillettes et le diadème qui a appartenu à la petite sœur des jumelles Viola et Violetta. Elle s'appelait Véra. Elle était acrobate mais un numéro qu'elle avait monté a mal tourné, il y a de ça cinq ans. Elle est décédée peu de temps après de ses blessures. C'est le plus gros deuil du cirque depuis que Nico en est le directeur. Mon père a été très affecté par sa mort : Véra avait été son élève. Il en avait perdu sa bonne humeur ! Maintenant, tous les regards du cirque sont braqués sur Lorenzo et moi. Tout le monde espère tellement que l'on réussisse notre numéro ! Nous aussi, d'ailleurs. Lorenzo est sûr de le réussir. Je l'envie, car moi, j'ai peur de tomber de Perlita, la jument avec laquelle je travaille, ou de rater une de mes pirouettes. La honte que cela serait pour le cirque et pour moi ! Je n'ose même pas l'imaginer. Mais je suis tenu de  rejoindre les jumelles : elles doivent m'attendre avec impatience pour répéter.
Quelques heures plus tard
 Début du spectacle
Derrière le rideau d'entrée
« - Lorenzo ! chuchotai-je. Lorenzo !
- Qu'y a t-il ?
- Tu as vu tout ce monde ? La moitié de Florence au moins doit être venue nous voir. J'ai le trac !
- Ne t'en fais pas, tu es parfaite. Si tous les spectateurs n'applaudissent pas ton numéro, je veux bien que Vasco me change en lapin !, lança pour plaisanter Lorenzo.
- Tu es méchant de moquer de moi ainsi, tu sais parfaitement que je n'aime pas ça ! répliquai-je d'un ton faussement offensé.
- Alors, pour m'excuser, laisse-moi attacher ceci à ton cou, déclara-t-il en sortant de sa poche un objet que j'identifiai immédiatement.
- La médaille porte-bonheur de ta mère ! Lorenzo, il ne fallait pas! m'exclamai-je en sautant à son cou.
- Je voulais te la donner plus tôt, mais mon père m'a retenu longtemps après la répétition. »
Dehors, le spectacle se déroulait sans incidents, et c'était bientôt le tour des trapézistes dont Lorenzo faisait partie.
« - Mais pourquoi me l'offrir à moi ?, l'interrogeai-je.
- Lorenzo, active-toi, c'est à notre tour d'entrer en piste ! nous interrompit Silvio.
-Une minute, papa ! » lança Lorenzo, puis, se retournant vers moi, murmura : « Je voulais t'offrir cette médaille... »
Il s'interrompit, l'air gêné. Que voulait-il donc me dire ? « Lorenzo !!!, s'énerva Silvio
- Je voulais de la donner parce qu'il y a un recruteur qui va assister à nos numéros », lâcha-t-il, puis il partit en courant rejoindre son père, me laissant la médaille dans la main. Cette déclaration me fit l'effet d'une bombe. Je m'empressai de le rejoindre, mais il était déjà rentré en piste. Je le regardais donc enchaîner ses acrobaties avec son père et ma mère quand je le vis, le drôle de personnage qui était là, dans le coin, c'était un de ceux que mon père appelle «  les recruteurs », des personnes qui essayent de trouver de nouveaux enfants prodiges du cirque. Ils financent l'entrée de ceux-ci dans les plus grandes et les meilleures écoles du cirque. On rêve tous, nous, enfants de la piste, d'être remarqués par ces personnes-là. En décelant une lueur briller au fond des yeux du recruteur, je fus certaine que Lorenzo s'était distingué. A la fin de son numéro, il fut évident que ce recruteur l'emmènerait : le déchaînement de la foule était grandiose, Lorenzo fut obligé de revenir trois fois sur la piste avant que le dernier numéro, mon numéro, ne soit annoncé. Je comprenais mieux maintenant pourquoi il m'avait donné cette médaille : il voulait mettre le plus de chance de mon côté pour que je sois également repérée. C'était décidé : je donnerais tout pour voir une lueur dans les yeux du recruteur briller pour moi et pour prouver à Lorenzo que j'étais digne de sa confiance. À ce moment-là, je sentis une main se poser sur mon épaule. C'était Viola. Elle me montra Perlita d'un mouvement de tête. Je compris que c'était à mon tour de renter en piste avec elle et sa sœur. Je fis donc mon entrée sur le dos de Perlita, accompagnée des sœurs sur leur cheval respectif. Et parvenue au centre du cercle, j'enchaînai  les mouvements sur la musique. Plus de trac, envolée la peur, je donnai tout ce que j'avais. Lorenzo me dira plus tard qu'il n'avait trouvé qu'un adjectif pour me décrire alors : féerique. Même maintenant, je pense toujours qu'il a exagéré. Vint le final. Viola, Violetta et moi descendîmes de cheval en enchaînant une roulade pour nous retrouver ensuite face au public. Silence absolu. Puis un tonnerre d'applaudissement retentit, suivi des hourra de la foule émerveillée par notre  prestation. Et je vis dans les yeux du recruteur de l'admiration. J'étais soulagée, europhique mais étonnée d'avoir réussi. La suite se déroula comme dans un rêve, et je n'en garderais que peu de souvenirs. Je me souviens avoir dû, comme Lorenzo, faire trois fois le tour dela piste avant d'en sortir. Tout le monde nous félicita. Je vis le recruteur arriver vers nous, un étrange sourire de contentement flottant sur ses lèvres.

Le lendemain de la représentation
Dans ma roulotte
Sur mon lit, mon bagage posé à même le sol, je regardai la roulotte qui m'avait vu grandir, enregistrant le moindre détail. Un de mes vieux dessins encadré et accroché près de la fenêtre, les rideaux rouges à pois blanc... Lorenzo devait faire de même. En effet, après une discussion avec mes parents, ceux de Lorenzo et le directeur, il fut décidé avec le recruteur, qui, comme je devais l'apprendre plus tard, s'appelait Mario Fabreschi, qu'il nous emmènerait à   l'école de « La Scuola di Cirko di Torino », à Turin. J'avais hâte de partir, mais en même temps, je savais que quitter ma famille, mes amis, l'endroit qui m'avait vu grandir, serait douloureux. Soudain, j'entendis ma mère m'appeler. Ça y est, je vais partir pour des années d'apprentissage à Turin ! Je sortis de la roulotte les larmes aux yeux et rejoignis lentement Lorenzo et le recruteur. J'aperçus tous ceux du cirque, venus pour nous dire au revoir. Je grimpai dans la voiture du recruteur, suivie par Lorenzo. Le recruteur monta à l'avant, et démarra la voiture. Nous partîmes, accompagnés par les pleurs de nos mères au cœur déchiré. Puis les pleurs faiblirent à mesure que nous nous éloignions du cirque. Lorenzo et moi jetâmes un dernier regard au cirque Della Luna puis nous nous retournâmes, prêts à affronter notre destin.
 
sujet 2, prix « poème » 

Damien HERIT, collège de la Chataigneraie, Autun

                                Le cirque en voyage 
 
                  Les voilà arrivés, d'un long et grand voyage,
                  Venus de Roumanie, ils débarquent sur la place.
                  Montant leur chapiteau qui paraît bien tenace,
                  Tenant  leurs animaux, enfermés dans les cages.
                Les voilà arrivés, ils vont passer  à l'acte.
                Une salle gigantesque, remplie d'un riche public.
                Des artistes fantastiques, tels des notes en musique.
                Mais elle vient déjà la belle heure de l'entracte.
                Les voilà revenus, après un bon repas,
                Ils reprennent le spectacle sur la scène pas à pas
               Arrivé vers la fin, le public applaudit.

                Les voilà,  s'en vont dans leur grand  bungalow,
                Ils retournent chez eux vers leur famille au chaud.
                J'espère qu'ils reviendront nous revoir un samedi.
 
  Niveau 3ème 
 
sujet 1

Aline PEYNET, collège Ronsard, L’Haye les Roses
 
                               Ne pas oublier…

C'est le soir de Noël. Toute la famille est installée près de la cheminée, dans la chaleureuse bastide de  mes  grands-parents. Le  feu  crépite.  Au-dessus  de  l'âtre trônent des photos familiales.
Nous, les  enfants, sommes  assis  par  terre, devant  le fauteuil  à bascule en bois sculpté  de  Grand-Mère.  Juste  derrière,  sur le  canapé, mes oncles et tantes bavardent en riant, alors que nous nous sommes tus depuis quelques minutes déjà. C'est le rituel. Les yeux clos, Grand-Mère  remonte le temps, elle médite à la façon dont  elle  va  tourner  les  choses  cette  année.  Son  but,  nous  faire  réfléchir  aux conséquences de nos actes.
Elle rouvre les yeux, les adultes se taisent à leur tour.
« Tout a débuté lorsque j'avais dix  ans, comme certains d'entre  vous. J'allais à l'école presque tous les jours, car j'avais trois frères et deux sœurs plus âgés qui aidaient mes parents à la ferme.
Le matin du samedi 1er août 1914, après nous être occupés  des bêtes, mon petit frère Gabriel,  ma sœur Gisèle de deux  ans  mon aînée et moi, sommes partis rejoindre les moissonneurs avec  le repas  du  midi dans  des  paniers. Soudain, la cloche de l'église du village, situé à plus de deux kilomètres, se mit à sonner. Alors que nous arrivions aux abords du champ, nous avons vu mon frère, André, un grand gaillard qui avait  déjà  dix-neuf  ans,  partir  en  courant.  « Je  vais  voir  ce  qu'il  se passe » nous cria-t-il en suivant les voisins qui prenaient la route du village. Lorsqu'il revint atterré, il parla longuement avec mon père et mes deux autres frères, Auguste et Léon, âgés respectivement  de dix-sept et vingt et un ans. Mon père commença à s'emporter  et nous perçûmes  des bribes de phrases,  parlant de mobilisation  et de guerre. Nous n'en avons appris plus qu'au moment du dîner, ils avaient tous repris le travail comme  si de rien n'était.  Mais mon père ne décolérait  pas. Ce soir-là, mes parents nous apprirent que nous, les plus jeunes, devrions aider beaucoup plus aux travaux des champs que nous ne le faisions les années  précédentes. Nos  deux frères aînés partaient à la guerre, et Auguste les y rejoindrait probablement  bientôt, car il aurait dix-huit ans en octobre.
Mon père, qui heureusement  échappait à la mobilisation, les accompagna  à la ville deux jours plus tard pour qu'ils se présentent au bureau de recrutement. En partant de la maison pour rejoindre les autres jeunes du village, ils paraissaient  confiants. Ce n'était que l'affaire de quelques mois, disaient-ils.
Nous avons donc continué pendant plusieurs semaines les moissons, plus difficilement  que les autres années, car il nous manquait quatre bras costauds. Un grand malheur  s'abattit  alors sur nous à la fin de l'été. N'ayant pas été assez vite pour rentrer le foin dans la grange, une partie de notre récolte fut détruite par la pluie. A  la  rentrée,  seul  mon  frère  Gabriel  put  retourner  en  classe,  car  il  n'était  pas suffisamment  âgé pour être utile et gênait sans s'en rendre compte les adultes par ses jeux. Le maître de la petite école communale ne s'offusqua pas de mon départ, il avait l'habitude de voir aller et venir ses élèves au gré des saisons.
Un peu avant la mi-octobre, j'y retournai également,  les travaux des champs étant terminés. Cela ne dura pas. En effet, Auguste, qui venait d'avoir ses dix-huit ans, avait été appelé au front. J'en fus très attristée,  non seulement parce que je ne pouvais plus aller en classe, mais aussi car c'était mon frère préféré. C'était le seul qui avait une attention pour nous, les petits, il nous parlait comme à des adultes, car il pensait que nous pouvions tout comprendre. De plus, nous n'avions toujours pas de nouvelle d'André et Léon, ce qui inquiétait grandement mon père, qui devenait très irritable.
Ma sœur Jeanne, âgée de quatorze ans, était désormais la plus grande. Nous avions de sérieux problèmes pour nous occuper des animaux. Nous les avions laissés aux prés le plus longtemps possible, mais les grands froids arrivaient et nous ne pouvions plus nous le permettre. Cela ne présageait rien de bon, selon mon père. Si le froid persistait autant que l'année dernière, nous n'aurions pas assez de foin pour nourrir les bêtes tout l'hiver.
Nous avons passé un Noël sans joie, sans festivités, à nous inquiéter. Nous n'avions pas de nouvelles de mes frères depuis le début de la guerre, mais nous savions que leurs régiments se déplaçaient  beaucoup  à cause des Allemands. Comme le disait mon père, qui  se voulait  rassurant, « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ». Au moins ils n'étaient pas morts, sinon on nous aurait avertis.
Nous avons reçu une lettre d'André début mars 1915, nous annonçant qu'il allait bientôt rentrer en permission. Lorsqu'il arriva, nous ne le reconnûmes d'abord pas, car il avait changé. Il avait beaucoup maigri, et possédait une épaisse barbe noire de plusieurs semaines. Mon père l'accueillit en héros, mais mon frère refusa de nous parler de ce qu'il se passait là-bas, au front. Il nous disait que c'était trop atroce. A ce moment-là, certains villageois nous haïssaient presque, aucun des nôtres n'étant mort pour l'instant. Rares étaient les familles qui n'avaient perdu aucun fils ; la guerre faisait des ravages. André repartit rapidement, car le voyage était long jusqu'à son régiment. Même s'il n'avait jamais été très bavard, il s'était beaucoup refermé sur lui­même. L'étincelle de vie dans ses yeux s'était éteinte, ensevelie par les horreurs qu'il voyait au quotidien.
La joie de le savoir sain et sauf fut rapidement balayée. Deux mois plus tard, nous recevions la visite du maire nous annonçant que Léon était mort. Nous n'avons pas pu récupérer son corps, car il avait été déchiqueté par un obus. Nous l'avons pleuré plusieurs semaines, et rien ne tarissait les larmes de mon père, qui semblait pourtant insensible habituellement. Il souffrait énormément de la perte de son fils aîné, avec qui il s'était toujours bien entendu.
Il allait tous les jours au village, pour glaner quelques informations, mais les nouvelles étaient rares. Effectivement, dans ce petit coin  reculé de France, nous n'avions pas beaucoup de renseignements sur la guerre et son déroulement.
La fin de l'année se passa sans accroc, si l'on excepte le fait que les moissons furent moins bonnes que  les années précédentes.   Nous  recevions quelques lettres d'Auguste et d'André, qui ne se plaignaient pas, nous disant de ne pas nous inquiéter.
Nous avons passé un second Noël séparés, car la permission accordée à Auguste  lui avait été retirée à cause d'une bataille qui nécessitait tous les hommes de son régiment. Nous avions l'impression que cette guerre ne s'arrêterait jamais. En février, nous avons appris qu'Auguste et André étaient envoyés à Verdun.
Vers la fin de l'hiver, nous manquions de nourriture. Les prix avaient  augmenté et nous mangions à peine, une seule fois par jour, pour économiser. Mes parents décidèrent de placer mes deux sœurs, âgées maintenant de quinze et seize ans. Ma mère les emmena un jour, car elle leur avait trouvé des places dans des maisons bourgeoises, qui cherchaient des bonnes. Il ne restait désormais plus que Gabriel, qui  avait presque neuf ans, et moi comme enfants à la maison. Gabriel  avait commencé à comprendre la gravité de la situation. Il aidait de plus en plus aux travaux de la ferme, tout en faisant ses devoirs. C'était un garçon très intelligent. Plus tard, il réussit à obtenir une bourse et fit une école d'ingénieur.
Pendant cet été 1916, nous avons entendu des rumeurs, qui se trouvaient  être fondées, sur la violence des combats à Verdun. Mes parents étaient de plus en plus inquiets. Nous avons travaillé aux champs tout l'été, mettant les bouchées doubles, car quatre paires de bras ne sont pas aussi efficaces  que neuf. Nous avions moins semé que les années précédentes, par manque de temps. Nous avons quand même fait des récoltes honorables proportionnellement à notre nombre.
En septembre, alors que mon frère était à l'école, nous avons reçu une lettre. Une terrible nouvelle. Auguste avait été blessé très gravement lors d'un assaut à Verdun. Mon père s'est effondré après cela. « Cette guerre me prendra donc tous mes fils? » s'est-il lamenté. Gabriel nous a trouvé en pleurs en rentrant.
A sa sortie de l'hôpital,  plusieurs  mois après sa blessure, Auguste est revenu à la ferme. Il était méconnaissable. Son visage était déformé, il boitait terriblement et avait perdu son bras droit. Il parla à peine pendant des mois. Nous continuions à nous occuper de la ferme, mais il fallait également l'aider dans tous ses gestes quotidiens, comme pour manger et s'habiller.
Un an après, André est revenu en permission. C'était la deuxième  fois que nous le voyions  en quatre  ans de guerre. Au  village, rares étaient  ceux qui avaient  eu la chance de revenir deux fois, ils mouraient  avant. Même s'il a essayé de ne pas le laisser paraître, le nouveau visage de son cadet l'a choqué. Il est reparti aussi vite que la première fois, car l'armée avait besoin d'hommes.
L'année 1918 se passa sans problème jusqu'à la fin octobre. De nouvelles rumeurs disaient que la guerre était sur le point de finir. Alors  que nous apprenions la signature de l'armistice, le maire nous rendit visite. André avait participé à la bataille qui avait obligé  les Allemands  à capituler.  Il était l'un  des derniers  morts de cette guerre...  »
Grand-Mère ferme les yeux et respire profondément.  Une larme coule sur sa joue. Elle se lève. Nous respectons une minute de silence, comme le veut la tradition, pour tous ces morts. Puis, tranquillement,  nous allons chercher nos cadeaux au pied du sapin.
 L'histoire est finie, la vie a repris son cours.

sujet 2, prix spécial du jury

Logan MARIN-VIDAL, collège du Vallon, Autun

                                       Bois rouge
 
Chère porte rouge séparant mon monde de celui de mon frère,

Je te déteste tellement. Tu donnes beaucoup trop d'intimité à mon frère. S'il te plait, disparaît, ou perd au moins ta serrure. J'aimerais que Lucas arrête de s'enfermer dans sa chambre chaque fois qu'il se prend la tête avec mes parents... C'est à dire tous les jours.
Je suis en fait un peu jalouse, parce que je suppose que tu sais tout ce qu'il se passe pour lui, non ? Du haut de mes 15 ans, j'aimerais comprendre ce que Lucas subit au lycée pour rentrer avec une humeur de chien. En fait c'est un peu toi la confidente de mon frère. Enfin, s'il s'enferme dans sa chambre c'est qu'il a des secrets... Tu es un peu un coffre-fort... Et c'est bien pour ça que je te déteste. J'aimerais tellement que mon frère me parle à moi et m'explique tout ses problèmes. C'est pour ça que je ne t'aime pas.
La seule chose que je sais, c'est que ça se passe au lycée. Il a... Complètement changé à son arrivée au lycée. Avant ça il était... tellement bien. Mais depuis, les seules fois que je le vois c'est quand il me dépose au collège après un petit déjeuner où régnait un silence de mort. Pourtant, Dieu sait à quel point j'aime mon frère. Mais je ne sais pas quoi lui dire parce que je sais qu'il est détruit.
En fait il y a autre chose que je sais, c'est qu'il se... Il se fait du mal. J'ai vu les marques qui rongent ses poignets... ça me fait tellement du mal de savoir qu'il se... qu'il se mutile... Rien que d'y penser, j'ai la gorge qui se noue et le ventre qui se serre... Je savais bien avant de les voir qu'il avait mal, qu'il souffrait... Mais jamais je n'aurais pensé qu'il serait arrivé à un stade de désespoir où il se ferait souffrir seul. J'aimerais tellement être là pour lui. Je suis sûre que même avec notre différence d'âge, j'arriverais à le comprendre. Mais impossible de lui parler... J'en ai marre qu'il écoute toute la journée de la musique tellement fort qu'il en fait trembler les murs pour... s'évader je présume. J'en ai marre de m'endormir le soir en entendant mon frère pleurer, sangloter tellement fort que j'ai peur qu'il s'étouffe... J'en ai marre de ne pas pouvoir l'aider... J'en ai tout simplement marre d'en avoir marre.
Si tu n'existais pas, toi, je pourrais certainement l'aider. D'un côté je te déteste de me séparer de lui comme tu le fais et... de l'autre je t'admire... Tu dois sûrement prendre sur toi tous les secrets qu'il cache. Tout serait tellement plus simple si... Si tu pouvais parler, finalement. Tu pourrais m'expliquer la situation, me dire de quoi mon frère souffre et pourquoi il s'inflige cela. Pourquoi il se fait souffrir plus qu'il ne souffre déjà ? J'aimerais que tu disparaisses, que mon frère se souvienne que je suis sa sœur, que je suis là, que j'existe et que j'aimerais plus que tout au monde l'aider à remonter la pente.
Je cherche des solutions tous les jours pour comprendre le pourquoi du comment il se mutile. C'est peut être un appel au secours ? J'ai vu sur internet que certaines personnes se mutilaient dans l'espoir que quelqu'un le remarque. C'est des S.O.S en fait... Mais je n'ai pas envie d'aborder le sujet, je n'ose pas... J'ai tellement peur qu'il s'énerve après moi, qu'il se vexe, qu'il se renferme encore plus qu'il ne l'est déjà. J'ai pas envie de perdre mon frère... Même si je suis consciente que je le perds déjà petit à petit.
Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça alors que finalement, tu le sais déjà et que, malheureusement, tu  ne  peux pas lui faire passer mon  appel au  secours à  moi.  Je  veux simplement retrouver mon frère et... l'aider à allez mieux. Je souffre de savoir qu'il est détruit.
Je voudrais juste que tu disparaisses, petite porte. Parce que je sais très bien que papa ne me laisserait jamais te casser et qu'il ne voudra jamais t'enlever. S'il te plaît, fais le pour moi et mon frère. Soit tu apprends à parler, soit tu disparais.
      Lily
 
sujet n°2

Alice VERNAY, collège R.Doisneau, Châlon sur Saône.

                                2 Rue de l 'Evier
 
14 Février 2014
71110 - Châlon sur Saône   
                  
                             Bonjour, chère chose détestée,

Je t'écris  cette lettre pour que tu comprennes à quel point tu m'énerves et me dégoutes. Après chaque repas je te vois et je te maudis. Je voudrais fuir pour échapper à ce rendez-vous ! Te poser un lapin, mais le courage me manque !
Voilà il est 20h et nos peaux se caressent, la tienne, si molle, s'enfonce sous mes doigts. Le liquide que tu sécrètes dégouline quand je te presse. Sur la table ton corps s'aplatit  grossièrement tel une limace. Ton odeur repoussante me donne la nausée. Je hais  les petits creux qui parcellent ton dos et ta poitrine.
C'est alors que tu avales les saletés et les recrache dans ma main. Dégoutée, j'ai envie de te les jeter dessus mais je ne peux pas. Te couper, te mordre, te salir, te jeter, te cracher dessus ! J'ai tout essayé mais toi tu me fixes et je crois entendre ton rire moqueur. Le lendemain je pense ne plus te voir mais tu reviens toujours et tu trônes à ta place, dans le pot en porcelaine près de l'évier.

Alors je t'en supplie maudite et répugnante EPONGE épargne-moi ce supplice qu'est de laver la table !
Sincèrement,Alice 

                                                         
                                                            
 Niveau lycée  
 
Sujet n°l, prix spécial du jury 

Lola Beisbardt, lycée Jean XXIII, Montigny les Metz

                               Notre-Dame du désert

Seule, je vois la rue, et la rue me voit.
L'Histoire aurait dû  rester une histoire, fictive et  lointaine. Comme celle que l'on étudiait. Je m'en souviens encore, de mes mains qui tournaient les pages des livres, et de mes yeux fixés sur des tableaux défilants, squelettes, masques, faucheuses, progrès, industrie, squelettes.  J'étais  maladivement  curieuse  du  passé,  de  la maladie, des famines, de ce Moyen-Age obscur et putride, laissé derrière nous. Intérêt pour les hommes-bêtes qui y habitaient.
Le  progrès, aujourd'hui, nous  l'avons. La  maladie  aussi.  Et  celle-ci  détruit  tout, méthodiquement, mathématiquement même ; elle rend insignifiante toutes ces radios qui débitent, débitent encore des chiffres. Un mort, cinq mort, dix mors, dix milliers de morts : une épidémie. Le mot a brisé avec nonchalance les écrans de télévision les plus solides, et nous a démoli le cerveau. E-Pi-De-Mie. Je suis pieuse, je me croyais à l'abri de tout. E-Pi-De-Mie. Nous nous croyions à l'abri de tout, en réalité.
Peste.
J'ai longtemps été poète, et je me suis toujours maintenue à la lisière de Dieu, de ses lèvres pâles ; mais je ne regardais pas derrière moi. Derrière moi, il y avait la science. La science devait tout protéger. La foi, la religion, la poésie.
Peste.
Certains pensent qu'une é.pi.de.mie ne touche que les mauvais. Je ne sais pas qui : des ombres anonymes, dispersées au vent, qui laissent leur message sur les murs. Comme les religieuses et moi, nous touchons Dieu du bout de nos doigts, ils pensent que nous sommes insensibles. Alors nous nettoyons les corps dans la rue, armées de gants, seuls remparts contre la pourriture, la maladie, l'agonie, les limbes.
J'ai  toujours été poète. Le glauque m'a, dès ma naissance, mordu les joues, prenant, pour me séduire, le visage d'un homme fou de haine - évoquant les cadavres éviscérés d'Artaud ou de Lautréamont. Séduite, je l'étais déjà. Maintenant, je charge un mort dans un camion. C'est un enfant, aux joues minces et acérées ; je suis trop mince pour porter autre chose que des enfants. Mais je ne vois rien, dans ce corps, je ne vois pas au travers ! Mes mains, tout ce qu'elles  touchent, ce sont des valses de sang caillé et de cloques ; une raideur froide qui transit les os, et des yeux qui pourrissent lentement, enfermés dans un écrin de cils noirs. Si je ne peux pas imaginer, si je ne peux plus sentir, transcender, revivre les choses, suis-je encore poète ?  Lautréamont, Artaud, eux, invoquent des cadavres et les raniment ; ils dansent au-dessus d'eux ; et leurs mains décharnées, leurs os béants, leurs crânes lobotomisés. A travers eux c'est  tout une génération de morts qui survit, fastueuse et impérissable.
Je voudrais y survivre, moi aussi.
Un homme m'aide à charger le corps dans le camion- presque rempli, la pile est haute - puis disparait, entre deux ruelles, devenu fantôme translucide ; tout du moins, le corps trop fatigué pour renvoyer une quelconque lumière. Une femme déjà malade me regarde de sa fenêtre : son regard dit : « ce n'est pas votre foi qui nous sauvera, pauvres fous ». Dieu, Dieu, pourquoi dois-tu te laisser mystifier par les profanes, ces dévoreurs-de-ciel qui ne cherchent que le néant ?
Les religieuses sont tombées, l'une  après l'autre.  Seules leurs convictions - les miennes - résistent  encore. A  chaque  cadavre,  ce sont des  images rouges  putrides qui  me bondissent en pleine figure, et je me dis « Dans combien de temps est-ce que ce sera mon tour ? Est-ce que si je meurs, je pourrais voir de plus près les lèvres de Dieu, les limbes de Dieu ? ». Mon époux ne me quitte plus. Maigre, lui aussi. Il ne veut pas que je sois seule. Ensemble, nous portons des corps de femme, et ils jonchent de plus en plus la  ville,  multipliés.  Que  reste-t-il  du  numérique,   que  reste-t-il  du  progrès ?  Des laboratoires cachés, sans doute, où les scientifiques dansent comme des mouches.
Je suis seule, maintenant, on me claque les portes au nez, je suis une morte, je suis un croque-mort. La dernière religieuse m'a convoquée à son chevet. Elle agonise lentement- et l'air de sa gorge, aussi précieux que l'air de Dieu, crève lentement dans des relents paradisiaques. A côté d'elle, il y a cette croix qui m'a toujours rendue perplexe, la croix du couvent, fissurée, repliable en plusieurs morceaux. Sa main devient de plus en plus froide dans la mienne ; un moineau, sur la fenêtre, regarde la scène de cet œil inquiet de ceux qui sentent, continuellement, une épée leur transpercer  le cœur, et se demandent quand elle pourra les achever.
-Prends ton époux, prends ton époux, et plantez cette croix au bout de votre mort, là où Dieu jugera vos efforts suffisants. Elle devra guérir tout...  Elle devra guérir tous les maux.
- Est-ce qu'un homme et une femme suffiront pour cela ?
-Vous mourrez  bientôt,  dans tous les cas. La ville est morte, la science est morte. Dieu survit. Notre foi, elle aussi.
Elle est morte quelques heures plus tard, allongée sur le sol, sans draps, comme le ferait une chienne abandonnée. Je n'ai  pas lâché sa main. Je l'ai  sentie se raidir, passant de l'état fugitif des limbes à Dieu, et je l'ai  imaginée devenir os tournoyants, décomposés, blancs sans doute, entre mes doigts fins.
Je ne suis plus  poète, maintenant, je le sais ; je suis  transitoire de  dieu, support d'écriture, d'un rêve éphémère déjà avorté.
Plus tard, bien plus tard, nous avons choisi le Sahara. Heureusement, il reste quelques avions à Paris, même si le chemin jusqu'à  la lisière, jusqu'au  bord de l'indicible,  sera long.
(Dans l'avion, j'ai pensé : je ne suis plus poète si tu ne sens plus ma langue âpre, qui lèche le feu de ne pouvoir dire, écrire encore, avec cette inspiration explicite de l'âme, je ne suis plus poète si ma langue est sèche comme le reste de mon corps.
Dans le désert, nous serons plus secs que jamais.)

Le guide nous a abandonné avant la lisière. J'ai l'eau  et la nourriture dans mon sac, il a la croix dans le sien. Quand nous commençons à marcher, la seule idée qui s'imprime dans nos esprits, c'est celle de la mort ; ici ou là-haut, c'est  mourir ; la seule différence est notre distance à Dieu. Mon époux peine à la sentir, mais je porte à chacun de ses doutes ses mains près de mon cœur, pour qu'il  n'oublie pas ce que signifie aimer. Bientôt,  mon esprit  appréhende  1'horizon  du  désert  comme  le  ferait  mon corps ; il transforme l'instinct en un mélange de braises compactes et calcinées, le réduit à néant. Je suis calcinée. Déjà, après seulement quelques heures de marche : les rayons du soleil entament  ma peau et les flammes courent sous mes os. Ma gorge se transperce et tout s'en  écoule,  tripes, cœur, poumons.  Crachés  méthodiquement  en rafales, comme  des volutes de fumées.
La nuit est pire.
C'est échapper à la chaleur lourde du jour pour heurter une chaleur diffuse, insidieuse, mais toujours plus vive.
Mon époux s'agite, et moi, je ne suis plus qu'un amas de chairs.
Je suis une victime du destin, de la vanité, et de ma foi. C'est cela que j'ai choisi. C'est toute mon histoire.
Après deux jours, j'ai compris. Nous errons. L'errance, ce ne sont pas ces silhouettes décrites dans les livres anciens, par les grecs ou les romains ; ce ne sont pas des âmes perdues,  damnées  à  la  va-vite, affleurant  sur  l'horizon  comme  des  fleuves  figés. L'errance, c'est simplement cheminer sans fin, au point que l'onirisme remplace peu à peu ce qu'il  restait de réel, dans cette situation absurde - je ne peux pas recopier les verbes étranges qui me passent par le crâne, ce sont des éclairs. Et je ne suis plus poète. Ton dos fatigué refuse d'avancer encore et se casse net, te laissant, pantin à peine articulé, sur une dune. Je te relève. Nous marchons. Combien de temps encore ? Deux jours ? Quatre ? Deux ? Deux, sans doute.
Est-il encore mon époux, cette ombre crasse, avec ses cheveux sales?
Regarde nos yeux, ce sont juste des hologrammes.
Tous les enfants de Dieu ont besoin de chaussures pour vivre. Les nôtres s'usent lentement sur le sable.
La nuit est pire.
Mon époux commence à mourir lentement.
Je suis une africaine de peau, maintenant, noire, mate, ténébreuse. Vide.
 
Au bout de quatre jours, nous nous sommes arrêtés et maintenant nous remontons la croix, difficilement, du bout de nos mains tremblantes - et de nos lèvres lorsque nos paumes ne tiennent plus. Chacun de nos souffles douloureux repousse la vie et la mort, les heurte, dans un élan viscéral. Enfin, nous la plantons, ensemble. Puis nous nous sommes écroulés. Squelettes déjà. Tu meurs en premier. Dans le désert, ta foi en moi coule comme une veine de charbon irrédente. Je regarde tes poumons qui ne se soulèvent plus, et j'ai  comme envie de les découvrir, d'en  arracher la  peau et les muscles. Mais je ne peux plus bouger.
J'ai trop donné mon corps au néant.
 
sujet 1

Lucie ROBLE, lycée Leon Blum, Le Creusot.

                            Elle s’appelait fait divers

Elle était partie, frêle brunette aux grands yeux, des espoirs plein la tête et des rêves plein le cœur. Les rues de la grande ville semblaient l'accueillir à bras ouverts. Petite fille romantique et naïve ne sachant pas ce que la vie pouvait lui réserver de mal. Elle était enfin arrivée au bout de son voyage.
Elle était revenue, blonde platine, les yeux cernés d'une couche charbonneuse, la peau pâle et le regard brisé. La ville qu'elle avait tant rêvée l'avait recrachée, elle et ses rêves.
Les talons de ses rangers claquaient durement sur le sol en bitume. Une besace élimée battant sa hanche au rythme de ses pas, elle regarda ses rues qui l'avaient vu grandir et soupira, elle savait qu'elle n'aurait jamais dû partir mais quelque chose au fond d'elle refusait de l'admettre.
Elle arriva devant une grande bâtisse blanche, la pelouse tondue, des barrières autour du petit jardin bien entretenu. La maison était un stéréotype à elle seule et la jeune femme lâcha un
énième soupir en avançant dans l'allée. Tout ce qui l'entourait était parfait. Trop parfait...
Arrivée devant la porte bleu ciel, sa main se leva pour cogner la surface en bois, mais le mouvement de son poignet s'interrompit brutalement et elle se mordit la lèvre inférieure.
Cinq ans... C'était long, cinq ans... Et s'ils ne se souvenaient plus d'elle? S'ils la jetaient dehors ? Elle reprit courage et frappa. Après tout, lorsqu'on se trouvait au fond du caniveau, il était très difficile de tomber plus bas.

Elle entendit des bruits de pas et la porte s'ouvrit. Une jeune femme, les cheveux chocolat et le regard ambré la regardait en écarquillant les yeux.
«Salut... »
La femme face à elle semblait en état de choc et réussit à peine à bredouiller :
«Heu... Tu... Tu veux rentrer?»
La blonde la bouscula d'un coup de coude, rentra dans la maison sans un mot de plus, puis pénétra dans le salon et s'assit en tailleur sur le canapé en cuir.
La pièce était presque entièrement dans les tons blancs, ce qui la dégoûta au plus haut point. Comment pouvait-on supporter de vivre dans cette atmosphère aussi immaculée et impersonnelle que celle des hôpitaux? Sa nervosité grandit en voyant les photos de famille regroupées sur le montant de la cheminée, bien alignées.
Son « hôte » arriva dans le salon et bafouilla une nouvelle fois :
« Qu'est-ce que tu... viens faire ici ? »
Elle lui jeta un regard vide de toute émotion avant de répondre d'une voix peu assurée:
« C'est pas à toi que je veux parler si tu veux tout savoir... Je veux juste de ses nouvelles...
- Je... Je ne vois pas de qui tu parles. »
La blonde se releva d'un bond et s'approcha rapidement de l'autre femme, son regard brillant de menaces.
« Te moque pas de moi Catherine ! Tu sais très bien de qui je parle ! Où-est-il ? »

La-dite Catherine prit une grande respiration en essayant de limiter ses tremblements de frayeur. Elle avait tellement changé...
« Il... Il est parti... Je te jure que je ne sais pas où il est... >>
La jeune femme s'éloigna, sortit de sa poche arrière une cigarette qu'elle s'empressa d'allumer, ses ongles vernis de rouges tremblant légèrement en tenant le cylindre de papier. Elle tira précipitamment une taffe avant de se diriger vers la porte. Elle se retourna et planta ses prunelles bleues électriques dans celles de la brune.
« Il a détruit ma vie. Je pense que j'ai le droit de régler mes comptes avec lui... »
Et elle claqua la porte, inspirant avec délice la fumée de la cigarette alors que son regard se tournait vers le ciel. Elle fit quelques pas, sans remarquer que derrière ses rideaux de soie blancs, Catherine observait cette femme qu'elle n'avait plus vue depuis une éternité. Une fois au coin de la rue, elle jeta son mégot au loin, d'un geste rageur avant de continuer avec la même colère.
« Chienne de vie... »
Ses talons martelaient le rythme de son départ. Lourd et martial comme une marche funèbre.
Quelques jours plus tard, la fausse blonde platine s'asseyait à la terrasse d'un café, de grandes cernes violettes sous les yeux et le regard encore plus vide et opaque qu'à l'accoutumée. Elle commanda un café noir et le but par petites gorgées, regardant mélancoliquement les gens passer devant le bar-restaurant. Certains marchaient très vite, pressés par leur travail. Ils portaient des costumes sombres, parfaitement repassés et avaient toujours le nez collé à leur montre, comme s'ils étaient soumis plus que les autres à la loi  immuable du temps qui passe.
Les adolescents marchaient en prenant leur temps, parlant et riant de tout et de rien. Elle se souvenait qu'un jour, elle avait été comme eux... Il y a fort longtemps.
Il y avait ceux qui se tenaient la main et là, elle ne pouvait s'empêcher de sentir une vague de douleur et de nostalgie l'envahir, dévastant le mur d'argile qu'elle avait mis toute une période de sa vie à construire dans le seul but de se protéger.
Ce qu'elle aimait par-dessus tout contempler, c'étaient les musiciens de rues. Ces personnes qui s'asseyaient au bord de la fontaine avec leurs guitares et qui commençaient à plaquer quelques accords, juste pour le plaisir de faire partager leur musique aux autres.
Elle soupira lassement. C'était devenu son activité préférée et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle soupirait en une semaine. Elle avala d'une traite son café et s'apprêta à se lever quand un jeune homme s'assit en face d'elle.
Il était un peu plus vieux qu'elle, avait de courts cheveux bruns et de grands yeux noirs. Un costume autrefois chic mais désormais usé complétait le tableau.
Elle haussa un sourcil quand ce dernier l'accosta :
« Marcus Stevens, Marc pour les intimes. Je suis journaliste. Et vous? »
- Ça te regarde pas. »
Elle fut surprise de le voir éclater de rire à sa remarque. Habituellement elle n'avait pas de mal à faire fuir les hommes mais celui-là semblait différent.
« Qu'est-ce que tu me veux?
- Je veux écrire un article sur vous. »

Ce fut à son tour d'éclater de rire en répliquant :
« Nan mais t'es malade ? Je vois déjà le titre : « comment ne pas finir sur le trottoir en 20 leçons » ! Et puis pourquoi sur moi ?
- Vous avez une... « Aura »... Particulièrement...  »
Le brun arrêta directement sa tirade quand son regard tomba sur le visage humide de la jeune femme. Les larmes coulaient sur ses joues pâles, faisant couler son maquillage noir sous ses yeux. Ce qui étonna le plus le journaliste était l'impassibilité du visage en pleurs. Telle une statue de marbre, elle ne semblait même pas remarquer que sa tristesse avait profité d'une faille pour se glisser au travers de ses paupières.
« Qu'est-ce que vous avez ? demanda-t-il, une pointe de panique dans la voix.
- Ce que j'ai ? »
La voix était éraillée et aussi glaciale qu'un soir d'hiver. La blonde se releva lentement avec un calme presque inquiétant et continua de sa voix grave et profonde.
«Ce que j'ai ? La dernière personne qui m'a dit que j'avais du charisme, c'était mon ex. Bonne famille, respecté et tout et tout... Je l'ai suivi à Paris pour devenir chanteuse, mais personne ne m'avait dit que je n'avais aucun talent ! L'amour rend aveugle disait l'autre con et il était loin d'avoir tort ! Je me suis retrouvée au fond du caniveau, sans rien... J'étais une adolescente comme les autres ! J'étais conne comme les autres ! Quand j'ai pensé que je ne pouvais pas tomber encore plus bas, il m'a laissé. Je suis revenue, rampant comme la moins que rien que je suis... Et mes chers parents m'ont jetée dehors... Vous savez pourquoi ? Parce que j'avais eu le malheur de corrompre le « gentil » fils des voisins! Je suis repartie... J'ai reconstruit un semblant de vie... Et puis je suis revenue, je suis allée le voir. Je suis tombée sur sa débile de sœur qui m'a dit qu'elle ne savait rien !   T’aurais vu le dégoût dans son regard...
Tout a toujours été de ma faute. Je suis comme le sel dans le chocolat : je sers à rien ! »
Elle prit la tasse de café du journaliste et lui lança à la figure avant de tourner les talons. Elle ne se retourna pas, même lorsqu'elle entendit le pauvre garçon hurler de douleur.
«Avant je laissais les gens m'utiliser...Mais faudrait voir à pas trop abuser ! »
Une phrase sur un vieux journal : Plus jamais se laisser faire.
Quatre mots griffonnés au coin d'une partition déchirée : Vivre selon ses choix.
Une identité écrite au stylo plume sur un formulaire de décès :
Amelia Lonbardi, 22 ans, suicide
 

Sujet 2

Violette HERAUDET, Lycée La Prat’s, Cluny

L'Ailleurs au féminin

 Ailleurs, une femme est battue
 Ailleurs, deux femmes sont  vendues,
 Ailleurs, trois femmes sont  humiliées,
 Ailleurs, quatre femmes sont  violées !

Ailleurs, une mère  se sacrifie,
 Ailleurs, une fille se scarifie,
Ailleurs, une amie joue sa vie,
 Ailleurs, une épouse trompe son mari...

Ailleurs, une femme est convoitée,
Ailleurs, cette femme est charmée,
Ailleurs, elle est prête  à se donner,
Alors,  elle est finalement délaissée.
 
Aïe ! Heures, trop  de femmes sont  cachées !
Aïe ! Heures, trop  de femmes sont  tombées !
Ailleurs, chaque femme souffre,
Ailleurs, chaque  femme s'essouffle...

Ici, une femme se relève,
Là-bas, deux femmes s'aiment,
Ailleurs d'autres en rêvent...
De toutes  parts, chacune redevient Eve.

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