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Une bataille pour la liberté

Niveau 4e - sujet 2 - 1er prix

Andréa BROCHOT, Alexane BOULMIER, Elodie NEAULT - Collège Claude-Guyot - ARNAY-LE-DUC (21)

Une bataille pour la liberté

Le soleil se levait, j'étais l'un de ces milliers de Français présents ce matin d'octobre 1791, près de Yorktown en Virginie, très loin de mon Auvergne natale. Sous les ordres du colonel Armand, j'étais heureux, prêt à me battre, peut-être à mourir. J'avais accompagné mon héros : La Fayette, lors de son deuxième voyage.

Tous ici rêvions de liberté, l'espoir nous portait, mon cœur battait très fort. Devant nous, se dressait l'armée anglaise de Cornwallis. J'arpentais les rives de la rivière York, une lumière éblouissante illuminait la Virginie. Serions-nous à l'aube d'un jour nouveau pour le monde ?

J'étais Guillaume, fils du tenancier du château de Chavagniac. Là-bas, la vie était rude : le labeur, les impôts, la misère étaient notre lot quotidien.

Madame la marquise cherchait un commis pour la cuisine, mon père m'accompagna. Le château, c'était la richesse, les dorures, le velours, la dignité. Dans le vestibule, j'entrais dans un nouveau monde. Une porte était ouverte...

« Le bonheur de l'Amérique est lié au bonheur de l'humanité ; elle va devenir l'asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité, de la tranquille liberté. »

Sur le moment, nous n'avions pas compris, mais ces mots ne cessaient de résonner dans ma tête. Plus tard, j'ai su que c'était une lettre arrivée d'Amérique. Un bref entretien avec le majordome, et me voilà à la cuisine aux cotés d'Honorine, qui m'expliqua que nous servions un héros consacrant sa vie et sa fortune à la liberté, un homme qui voulait... le bien de l'humanité ! J'expliquai tout cela à ma famille, réunie le soir autour de l'écuelle de soupe. La Fayette me fascinait déjà par son audace et son courage.

Avec une grande résignation dans la voix, mon père rétorqua que c'était un noble, un privilégié, qu'il nous écraserait comme les autres :

« Non, il est parti défendre les Américains, il veut le bonheur de tous, la liberté !

- C'est quoi les Américains ? Va donc te coucher ! »

Le lendemain, dans une allée, j'ai croisé un garçon à la peau foncée, il taillait une pointe de flèche. Nous avons réussi un peu à communiquer. J'ai compris qu'il venait de ce lointain pays ; monsieur le marquis (father) l'avait ramené chez nous. Il m'a évoqué l'indépendance, les droits, les insurgents... Peu à peu, je prenais conscience de ma triste vie, soumise à l'autorité royale. Là-bas, ils avaient osé se détacher du despotisme ; ici, ça ne durerait peut être pas toujours.

Sur le chemin, j'ai rencontré mon père. Il était harassé par une journée de labour.

« Père, le marquis a commencé de changer le monde, j'espère qu'on se souviendra toujours de lui.

- L'Amérique, je ne connais pas, c'est loin, je suis fatigué. La liberté, c'est pas pour nous. »

Le lendemain, un lundi, Honorine préparait l'hebdomadaire dîner américain ; Fannette étant malade, c'est moi qui allais servir. Benjamin Franklin était invité. Ah, Monsieur Franklin, quel grand homme ! J'avais compris grâce au jeune indien qu'il avait participé à la rédaction de la Déclaration d'indépendance en 1776. Brusquement une porte claqua, le marquis était devant moi...

« Alors petit, je compte sur toi, ce soir ! »

Mon cœur allait éclater. Il posa sa main sur mon épaule, je me sentis protégé. A midi, je filai vers les miens.

« Père, mère, je l'ai vu, il m'a parlé...

- Aujourd'hui c'est la corvée, il faut réparer le rempart alors... ta liberté ! Me dit-il avec colère.

- Il ne comprend rien, quand va t-il se réveiller ? » marmonnai-je énervé.

Le soir pendant le repas, nous avons réalisé qu'une deuxième expédition se préparait ; en effet, des ordres étaient donnés pour équiper Victoire, le bateau.

« Je pars avec lui, je suis heureux !

- Tu es fou ! cria Honorine, tu es un enfant tu ne sais pas te battre. »

J'étais décidé, pendant tout le repas j'avais ressenti la bienveillance de ces hommes, je les avais entendu parler de philosophie, de Montesquieu...

Un jour peut-être, je comprendrai.

De retour dans notre chaumière, il faisait nuit, ma famille dormait, je les ai réveillés ; ma décision était prise.

« Je pars !

- Où?

- En Amérique, me battre contre les Anglais !

- Pas question, je ne veux pas te perdre ! répondit tristement ma mère, qui pleurait.

- Laisse, ma Mie, c'est peut-être mieux pour lui, les impôts ont encore augmenté, bientôt nous n'aurons même plus assez pour notre soupe quotidienne. C'est peut-être mieux de mourir en se battant pour ses rêves, que de mourir de misère. »

Je me suis sentis soulagé, mon père avait enfin une lueur de fierté dans le regard.

Enthousiaste et fou de bonheur, je les ai embrassés.

Un coup de canon, deux, me firent replonger dans la réalité de l'instant, Yorktown ; l'Amérique, la bataille… Les soldats étaient déjà dans la bataille.

Je pris mon fusil, mais… une atroce douleur dans la jambe, le sang, la chute… Un insurgent me porta à l'abri d'un grand chêne.

Une femme et deux petits étaient près de mon lit ; ils souriaient, les enfants chantaient.

Alors, j'ai compris ; la raison, la liberté avaient gagné !

Ces visages là, ces rires là, je ne les connaissais pas en France. Ici, ils étaient devenus libres : ils étaient devenus des hommes.

Je m'endormis...


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